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Cette infolettre est la dernière avant le mois de septembre.

Infolettre

Voici une lettre ouverte ayant été acheminée aux médias, concernant le Plan pour mettre en oeuvre les changements nécessaires en santé, sorti en avril dernier. Cette lettre est l’initiative du Comité démocratie de la Coalition.

Refondation du système de santé : plan ambitieux ou simple façade ?

Le 29 mars 2022, le ministre de la Santé, Christian Dubé, présentait en grande pompe son « Plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé[1] ». Un plan en 50 points, concernant autant le personnel et les organismes communautaires que les infrastructures et le financement. Ce plan répond-il réellement aux besoins ou sert-il de façade permettant au gouvernement d’agir comme bon lui semble ? Depuis plusieurs mois déjà, la dichotomie entre le discours et les actions est notable.

En octobre dernier, le premier ministre nommait déjà la volonté de mettre sur pied un système de santé plus « humain » et plus « performant », deux termes pourtant difficiles à concilier, et annonçait son désir de s’affranchir des agences privées.

À ce jour, les actions faites par le gouvernement n’atteignent que très partiellement les objectifs. Certaines mesures incitatives visant à combler en partie la pénurie de personnel ont en effet été offertes, mais plusieurs se sont avérées impopulaires en raison des nombreuses conditions imposées et n’ont pas permis d’attirer la main-d’œuvre escomptée. De plus, l’arrêté ministériel encadrant et limitant les privilèges accordés au personnel des agences privées n’a pas été appliqué uniformément dans toutes les régions du Québec, démontrant toute la complexité du problème. On peut aussi douter de l’efficacité des mesures envisagées dans le plan Dubé.

S’affranchir du privé tout court

Le nombre croissant de contrats de gré à gré, sans appels d’offres publics, justifiés par l’état d’urgence sanitaire coûte collectivement de plus en plus cher. Ces contrats sont financés à même les fonds publics et grugent le financement déjà insuffisant du système public. Pour bâtir un réseau public fort il faut non seulement s’affranchir des agences privées, mais aussi du privé tout court.

Le défi du gouvernement est donc d’améliorer les conditions de travail, de stabiliser les équipes, de diminuer la mobilité et d’agir concrètement sur les facteurs d’attraction et de rétention du personnel dans le réseau public tout en assurant la qualité et la continuité des services et des soins offerts.

Le Plan santé énonce des idées maîtresses sans prévoir d’échéancier ni de moyens concrets afin d’atteindre les objectifs énoncés. Pourtant, il semble que des échéanciers et des plans d’action existent, mais le sous-ministre adjoint responsable de l’accès à la documentation entourant le Plan santé, M. Daniel Desharnais, refuse de les diffuser sous prétexte de préserver la confidentialité[2]. Ce manque de transparence constitue un grave affront à la démocratie et prive la population de données précieuses pour juger du plan.

Les organismes communautaires inquiets

Le plan inquiète aussi les organismes communautaires qui ne veulent surtout pas être réduits à de simples prestataires de soins et de services sous-traitants de l’État. Ils ne veulent pas être comptabilisés parmi les installations du réseau et intégrés aux services de première ligne. Les organismes communautaires sont autonomes et indépendants et tiennent à le demeurer.  Est-ce que, pour le gouvernement Legault, innover signifie vraiment de sous-traiter davantage au communautaire ?

Une refondation, vraiment ?

La Coalition Solidarité Santé maintient que la solution réside dans un réinvestissement massif afin de renforcer le système public universel, accessible et de qualité. Pour y arriver, il faut :

  • Rendre publics dès maintenant les échéanciers et les plans d’action reliés au Plan santé
  • Décentraliser les processus décisionnels et favoriser une réelle participation démocratique
  • Réitérer l’indépendance des organismes communautaires autonomes
  • Améliorer rapidement les conditions de travail et d’exercice du personnel de la santé afin de contrer la pénurie de main-d’œuvre dans le réseau public et assurer l’accès, la qualité et la continuité des soins
  • Réinvestir massivement dans le système public et diminuer significativement l’apport du privé dans le système de santé
  • Octroyer les contrats exclusivement par le biais du processus d’appels d’offres public
  • Réaliser un audit public des contrats de gré à gré octroyés durant la pandémie

La Coalition Solidarité Santé souhaite que le Plan santé soit davantage qu’une plateforme politique partisane et qu’il en ressorte une réelle volonté de changement ainsi que des actions concrètes pour améliorer le réseau public de santé et de services sociaux.


[1] Plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé | Gouvernement du Québec (quebec.ca)

[2] “Québec refuse de publier son échéancier pour réformer le système de santé.” Radio-Canada.ca, 27 April 2022, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1878103/sante-quebec-ministre-reforme-protecteur-suivi-plan-refus-acces?utm_campaign=Revue%20de%20presse%20de%20l%27Ordre%20des%20travailleurs%20sociaux%20et%20des%20th%C3%A9rapeutes%20conjugaux%20et%20familiaux%20du%20. En ligne, 4 mai 2022.

Analyse, chronique et lettre ouverte

À l’approche du déclenchement de la campagne électorale, nous avons sollicité les différents partis pour connaître leurs engagements concernant la santé et les services sociaux. Beaucoup de questions mériteraient d’être abordées, mais nous en avons choisi cinq, regroupées en grande catégories, qui représentent les priorités énoncées par nos membres.

  1. La sous-traitance/privatisation des services publics sociaux et de santé

Depuis les 20 dernières années, le recours au secteur privé prend de plus en plus de place, au détriment du système public, cannibalisant ses ressources humaines (désengagement de médecins de la RAMQ, professionnel·le·s préférant travailler au privé plutôt qu’au public, etc.) Cela annihile les efforts mis de l’avant afin de réduire les temps d’attente pour des services ou des soins et augmente la pression sur le personnel soignant restant pour dispenser des soins et des services sécuritaires et de qualité. Les services privés étant plus dispendieux, pourquoi continuer d’augmenter leur part dans le réseau? La pandémie et les rapports qui ont suivi cette dernière ont mis en lumière le manque de financement du réseau public. Plus que jamais, il s’avère essentiel d’avoir un système de santé et un volet santé publique très forts pour assurer une gestion adéquate des risques pour la santé, mais également pour prévenir, dans la mesure du possible, toute nouvelle situation catastrophique.

Les problèmes du système public ne se résolvent pas en octroyant plus de place au privé : nos membres croient à l’importance de la consolidation du réseau public.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à réduire/éliminer l’utilisation de la sous-traitance et du privé pour résoudre les problèmes du système public de santé et services sociaux?

  1. La réhumanisation du système public de santé et services sociaux

Nos membres ont été nombreux à soulever l’importance de réhumaniser le système de santé et services sociaux. Un réseau plus humain sans discrimination, avec des conditions de travail améliorées, l’élimination des heures supplémentaires obligatoires, mais aussi une vision globale de la santé et la fin de la culture gestionnaire axée sur les chiffres. Nous demandons également un réseau accessible et sécuritaire pour tous. À cet effet, une redémocratisation du réseau est importante : ses travailleur·euse·s et usager·ère·s souhaitent être considéré·e·s et impliqué·e·s dans les processus décisionnels et les nouveautés prévues dans le « Plan santé ». Nos membres plaident pour le retour à un système public décentralisé, transparent et tourné vers les besoins des personnes et des communautés.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à redémocratiser et à réhumaniser le système public de santé et services sociaux?

  1. Prendre soin des personnes vulnérables

Lors de la pandémie, les groupes des personnes les plus vulnérables (personnes âgées, personnes en situation de handicap, proches aidants, etc.) ont été énormément affectés. La Coalition Solidarité Santé demande une offre de soins publics adaptée à ces groupes.

Nous avons l’obligation morale de corriger le plus rapidement possible les lacunes systémiques et organisationnelles qui ont affaibli considérablement la capacité du réseau de la santé et des services sociaux à assurer ses missions essentielles, à protéger la vie et la santé des personnes vulnérables. Les défis concernant les personnes âgées sont majeurs : selon les données provisoires de l’année 2021-2022 fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux, 45 637 personnes attendent de recevoir des soins à domicile, dont 15 042 pour un premier service. Il s’agit d’une augmentation d’environ 10 % par rapport à l’année précédente. Le temps d’attente pour avoir accès aux soins a par ailleurs augmenté considérablement : le nombre de personnes qui attendent depuis plus de 90 jours pour obtenir des soins à domicile a augmenté de 20 % en une année seulement. Les gens âgés de 75 ans et plus doublera d’ici 20 ans au Québec.

Les membres demandent des soins et des services sociaux en quantité et en qualité, pour tous les groupes de personnes vulnérables.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à répondre plus adéquatement aux besoins des personnes vulnérables?

  1. Reconnaissance des organismes communautaires

Le réseau communautaire a pallié les manques du réseau de la santé et des services sociaux durant la pandémie. De ce fait, les organismes communautaires (OC) réclament un meilleur financement de l’action communautaire autonome compte tenu de leur rôle d’acteurs-clés au sein de la population. Il est également demandé que leur expertise soit mieux reconnue et de pouvoir participer aux discussions visant à structurer la bonification de l’offre de soutien aux personnes proches aidantes et aux soins à domicile, entre autres.

Les OC souhaitent que leur autonomie soit respectée : ils ne sont pas de simples sous-traitants, dispensateurs de services. Ainsi, le financement à la mission globale doit être préconisé pour leur permettre d’agir en cohérence avec leur vision sociale de la santé.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à reconnaître l’importance, l’expertise et l’autonomie des organismes communautaires?

  1. Contrôler au plus vite la hausse du coût des médicaments / collaborer à la mise en place d’une assurance médicaments publique universelle

En 2020, 5,4 % de la population québécoise, soit près de 465 000 personnes, s’est privée de médicaments. Au plus fort de la pandémie de COVID-19, cette proportion était trois fois plus élevée, elle aurait monté à 16 %.

Au Québec, les dépenses en médicaments par habitant sont parmi les plus élevées au monde. Le Québec dépense 11 % de plus pour les médicaments prescrits par habitant (1 069 $) que la moyenne canadienne (959 $) (2021). Et le Canada dépensait, en 2016, 59 % de plus (1 043 $) que les pays de l’OCDE (719 $) (2016).

En 2018, les dépenses totales en médicaments prescrits du Québec s’élevaient à 8,36 MILLIARDS de dollars (ICIS, série G, 2020).

Les médicaments font partie des soins et devraient être intégrés à notre système public de santé. La mise en place d’un régime public et universel d’assurance médicaments permettrait à la fois de s’attaquer au contrôle des coûts, d’améliorer l’accès aux médicaments essentiels et d’optimiser la gestion publique de ce poste de dépenses qui semble hors de contrôle.

En mai 2022, la coalition a mis sur pied une nouvelle campagne pour une assurance médicaments publique universelle. La campagne comporte un volet d’appel à l’action, par l’envoi d’une lettre aux député·e·s. À ce jour, nous avons reçu plus de quarante lettres, soit la preuve que cet enjeu suscite un engagement.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à collaborer à l’instauration d’une assurance médicaments publique et universelle?

Ces questions ont été envoyées aux chef-fe-s de parti le 9 juin 2022.

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