Divers groupes réclament un examen du BAPE sur l’avenir énergétique du Québec
Dans une lettre ouverte, 95 signataires exigent un examen du Bureau d’audiences publiques sur l'environnement consacré à l'avenir énergétique du Québec.
Photo : Radio-Canada / Lynda Paradis
« La décarbonation du Québec est un véritable projet de société », clament les signataires d'une lettre envoyée au premier ministre François Legault. C’est pourquoi près d’une centaine d’organismes environnementaux, d’universitaires, d’élus et de syndicats exigent un examen du Bureau d’audiences publiques sur l'environnement (BAPE) au sujet de l'avenir énergétique du Québec.
Les signataires ont pris au mot le premier ministre lors de son discours d’ouverture. Le Québec a besoin de faire un vrai débat de société
sur la question énergétique, avait-il clamé.
Pour le moment, seules des consultations publiques sur un futur projet de loi, pilotées par le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon, sont prévues l'automne prochain.
On ne connaît pas encore la forme qu’elles prendront, mais on sait qu’elles seront circonscrites au tarif industriel d’Hydro-Québec et à la fonction de la Régie de l’énergie du Québec.
L’avenir de l’énergie, ce n’est pas juste l’énergie. C’est l’avenir du Québec qui se joue.
La décarbonation de l'économie est intimement liée [...] aux modes de production, de consommation, d’habitation et de déplacement qui sous-tendent notre consommation d’énergie
, soutiennent les 110 signataires de la lettre envoyée au Comité sur l’économie et la transition énergétique présidé par François Legault.
Il est donc essentiel de mobiliser tous les acteurs de la société pour déterminer les orientations économiques et la politique industrielle du Québec en vue des prochaines décennies, estime le regroupement.
Anne-Céline Guyon, de Nature Québec, souhaite que le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, exige un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement consacré à l'avenir énergétique du Québec.
Photo : Radio-Canada
Un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) serait l'outil idéal, selon les organismes et les citoyens. Il a fait ses preuves notamment en dressant l’état des lieux de la gestion des résidus ultimes ou en étudiant le projet GNL Québec.
Le BAPE a tout pour assurer un examen neutre et exhaustif des enjeux environnementaux, sociaux et économiques
, soutiennent-ils.
Inégalités régionales
Les régions ciblées pour la construction de barrages électriques ou pour l'aménagement de mines de métaux critiques subiront des bouleversements majeurs.
Pour le regroupement, des audiences itinérantes à travers le Québec permettraient à la population de bien comprendre le potentiel et les impacts réels de chaque filière d’énergie.
Déjà, le développement industriel divise certaines municipalités comme celle de Duhamel, qui regorge de graphite.
On a besoin de se faire entendre dans les régions où les claims miniers causent déjà une problématique.
Le BAPE est synonyme d'impartialité et de crédibilité, selon le maire. La population a confiance dans le processus du BAPE et elle comprend que les décisions ne seront pas prises derrière une porte fermée
, soutient David Pharand.
La main visible de Fitzgibbon
À l’instar du maire de Duhamel, Équiterre dit non aux portes fermées et au cercle restreint de décideurs.
Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon
Photo : Radio-Canada
L’omniprésence du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ne rassure pas les environnementalistes quant aux orientations des consultations.
Il faut retirer la consultation publique exclusive des mains du ministre Fitzgibbon pour s’assurer qu’elle ne soit pas orientée vers un seul objectif : le développement économique.
L'examen du BAPE ne doit pas être limité dans sa portée, expliquent les signataires. Ils exigent un BAPE générique
qui aurait le mandat d’aborder la décarbonation du système énergétique québécois dans sa globalité
.
Pour Nature Québec, l’objectif des audiences d’un BAPE générique
serait de savoir si on sera capables de maintenir le même niveau de consommation énergétique sans aggraver les inégalités sociales et la crise de la biodiversité
.
Cette lettre a aussi été envoyée au ministre de l'Environnement, Benoit Charette. Il détient le pouvoir d'ordonner la tenue d'un examen du BAPE. Les conclusions d'un tel exercice serviraient de guide pour le gouvernement en place.