La politique du médicament déçoit la Coalition Solidarité Santé

La Politique du médicament rendue publique par le ministre Philippe Couillard n’est pas celle qu’attendait la Coalition Solidarité Santé.

La gratuité des médicaments pour les personnes assistées sociales est certes une décision positive, attendue depuis très longtemps. Cependant, le Parti libéral avait promis d’accorder la gratuité à toutes les personnes âgées recevant en partie le  supplément du revenu garanti. Près de 380 000 personnes entrent dans cette catégorie. Comme beaucoup d’autres personnes à faible revenu, les frais en médicaments sont un poids indu dans leur budget et les conduisent à des privations, soit dans les médicaments, soit dans d’autres biens essentiels.

Au cours de la prochaine campagne électorale, la coalition demandera aux partis de se prononcer en faveur de la gratuité des médicaments pour toute personne vivant sous le seuil de faible revenu.

La nouvelle Politique du médicament avantage l’industrie pharmaceutique qui l’a accueillie très favorablement. À l’opposé, ce sont les consommateurs qui feront les frais des largesses d’un gouvernement trop à l’écoute du lobby pharmaceutique.

Le Québec, qui est au dernier rang des provinces canadiennes pour les dépenses de santé, est pourtant la province qui dépense le plus en médicaments d’ordonnance par habitant. En nous ramenant au niveau de la moyenne canadienne, le Québec économiserait annuellement 470 millions. En autorisant la croissance du prix des médicaments, le gouvernement  risque d’élargir l’écart qui défavorise le Québec.

«A-t-on pensé aux citoyennes et aux citoyens dans cette politique, se demande Gabrielle Pelletier, porte-parole de la coalition qui constate que le coût de l’assurance privée pour médicaments pour une famille québécoise s’élève maintenant à plus de1400 $ par an ? Il n’y a pas de frein à la croissance des coûts dans cette politique. Il faut donc s’attendre à une croissance annuelle de 10 % par an, soit des frais additionnels de près de 150$ pour chaque famille assurée ». Les assurés du régime public, dont les revenus sont généralement moins élevés, se verront pénalisés par de semblables hausses annuelles, estime Gabrielle Pelletier. 

Les entreprises et les employés qui se partagent les cotisations aux assureurs privés sont les grands perdants de cette politique. Les seuls vrais gagnants sont les multinationales pharmaceutiques et les assureurs.

La Coalition déplore que dans la Politique du médicament se mêlent les enjeux touchant l’accessibilité et la santé publique avec les enjeux de politiques industrielles du gouvernement.

L’Ontario a maintenant dépassé le Québec au plan des dépenses en recherche pharmaceutique. Il faut, selon la coalition, prendre avec réserve le chiffre des emplois dans l’industrie pharmaceutique, puisque les emplois liés à la distribution, et au marketing sont plus importants que ceux liés à la recherche. D’ailleurs, les recherches fondamentales comptent pour moins de 20% des dépenses de recherche, alors que les essais cliniques sur les cobayes humains forment le gros de ces dépenses.

Cela dit, la coalition est favorable à l’intervention du gouvernement en appui aux équipes de chercheurs du secteur public et des secteurs mixtes ou privés. Divers ministères peuvent être mis à contribution, mais ce n’est pas le rôle du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Depuis plusieurs années, la Coalition Solidarité Santé demande la mise en place d’un seul régime public et universel d’assurance médicaments. Le système actuel est complexe et inefficace. Le gouvernement continue de favoriser les assureurs privés qui exigent des frais administratifs de l’ordre de près de 20%. Un seul gestionnaire public, comme la Régie de l’assurance maladie, permettrait de réaliser des centaines de millions d’économie en frais d’administration et constituerait un acteur de poids dans la négociation des prix avec les fabricants de médicaments.  Les économies réalisées par la mise en place d’un seul régime public et universel permettrait d’élargir la couverture gratuite aux personnes à faible revenu sans hausse de dépenses pour l’État, estime la coalition.

Pour la Coalition Solidarité Santé, une politique du médicament doit être une composante à part entière de notre système de santé public et universel. Elle est essentielle pour assurer à l’ensemble des Québécoises et Québécois l’accès sans contrainte financière aux médicaments nécessaires à la protection et à l’amélioration de leur santé.

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