La santé de la population avant les intérêts des compagnies pharmaceutiques La pilule ne passe pas !

Alors que toute l’attention se porte sur le choix de l’emplacement du futur centre hospitalier universitaire de Montréal, un enjeu très important pour l’avenir de nos soins de santé est placé sur la voie d’évitement.

La Coalition Solidarité Santé déplore en effet que les travaux parlementaires sur la Politique du médicament soient reportés malgré l’urgence d’agir.

Devant les retards, qui rendent improbable l’adoption d’une Politique du médicament avant plusieurs mois, la Coalition demande expressément au gouvernement d’accorder, dans le prochain budget provincial, la gratuité des médicaments à tous les Québécoises et Québécois qui vivent sous le seuil de faible revenu.

Manger ou se soigner ?
Le document de consultation sur la Politique du médicament, déposé par le ministre Couillard, n’accorde la gratuité de médicaments qu’à environ 46 000 aîné-es qui reçoivent la prestation maximale du supplément de revenu garanti.

Dans sa plate-forme électorale, le Parti libéral s’était pourtant engagé à « rétablir la gratuité des médicaments pour tous les prestataires de la sécurité du revenu et pour les aîné-es qui reçoivent le supplément de revenu », un groupe qui compte environ 716 000 Québécoises et Québécois.

Les aîné-es à faible revenu, les personnes assistées sociales, mais aussi les travailleuses et travailleurs à faible salaire et les prestataires de l’assurance emploi ne devraient pas avoir à payer pour l’achat d’un bien aussi indispensable que les médicaments.  On les place présentement devant des choix impossibles :  choisir entre les médicaments, la nourriture, le loyer et autres dépenses essentielles et s’exposer à des  impacts néfastes sur leur santé et à une utilisation accrue des services de santé.

Un document ministériel très décevant
Même si le document de consultation du ministre Couillard évoque certaines avenues prometteuses visant les pratiques d’utilisation et de prescription de médicaments, de même que l’information destinée à la population, il déçoit à plusieurs égards. 

Le projet ministériel met de l’avant plusieurs interventions qui favorisent financièrement les compagnies pharmaceutiques. Pourtant, ce sont des mesures de contrôle des coûts et d’encadrement très strict des pratiques commerciales d’une industrie pharmaceutique puissante et extrêmement profitable qui étaient réclamées par la société québécoise.

Vers un dégel des prix des médicaments
Le document du ministre contient diverses propositions visant à augmenter la rentabilité de l’industrie pharmaceutique. Manifestement, les citoyennes et citoyens, les groupes de consommateurs, n’ont pas eu la même écoute de la part du ministre que les représentants de l’industrie pharmaceutique.

Répondant aux attentes des lobbyistes, le ministre envisage notamment de mettre fin à la politique de non augmentation du prix des médicaments, et il refuse d’abolir la règle des 15 ans de protection accordée aux médicaments brevetés.

Une désassurance de plus avec ça?
Une des recommandations du projet ministériel propose de retirer la gratuité des médicaments présentement dispensés en clinique externe des hôpitaux. Cette proposition semble viser à transférer vers les citoyens les coûts pour les médicaments nécessaires dans le cadre d’un traitement ambulatoire, une facture jusqu’à maintenant assumée par le réseau public.

Les traitements ambulatoires vont-ils dorénavant dépendre de notre capacité de payer ?  Les conséquences pratiques sont également inquiétantes : on demandera aux gens qui sont déjà malades, possiblement à mobilité réduite, de rajouter une ou plusieurs visites à la pharmacie à leur expérience de traitement. Après la désassurance des médicaments par l’instauration du virage ambulatoire en 1995, suivie par la mise sur pied du régime d’assurance médicaments actuel en 1996, il s’agirait d’un troisième recul de l’accessibilité aux médicaments.

Le  régime universel et public passé sous le silence
Le document du ministre Couillard évite d’aborder la perspective de la mise en place d’un régime public et universel d’assurance médicaments, lequel pourrait s’avérer une meilleure façon d’assurer l’accessibilité aux médicaments et de maîtriser la croissance des coûts.

Un plan d’action
La Coalition Solidarité Santé a déjà obtenu l’appui de plus de cent cinquante groupes qui endossent une déclaration commune sur l’adoption d’une Politique du médicament, laquelle exige de faire passer l’intérêt de la population avant celui des compagnies pharmaceutiques. Divers moyens d’information et de sensibilisation seront déployés par la Coalition au cours des prochains  mois pour tenter de convaincre les autorités gouvernementales qu’une meilleure Politique du médicament est souhaitable et réalisable.

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