Pour assurer l’avenir du système de santé, le fédéral doit assumer ses responsabilités

Participant à la journée pancanadienne d’action sur la santé, la Coalition Solidarité Santé a décidé de faire l’étendage sur la corde «de la justice sociale», des attentes des Québécoises et des Québécois face au gouvernement Chrétien. Pour Marie Pelchat, porte-parole de la Coalition, «il est temps que le fédéral assume pleinement ses responsabilités en matière de santé et c’est ce que devrait lui rappeler la Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada présidée par M. Roy Romanow dans le rapport qu’elle doit déposer, au gouvernement Chrétien, l’automne prochain.»

Il est incontestable que certaines questions relèvent prioritairement du fédéral : la Loi canadienne  sur la santé, les traités de libre-échange, le financement du système public et l’émission de brevets aux  produits pharmaceutiques. « C’est dans ces dossiers que le fédéral doit concentrer ses énergies », ajoutent les porte-parole de cet événement citoyen, Marie Pelchat de la Coalition Solidarité Santé et Paul Lévesque, urgentologue à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

La Loi canadienne sur la santé

Pour la Coalition Solidarité Santé, les principes de gestion publique, d’universalité, d’accessibilité, d’intégralité et les deux interdictions (surfacturation et ticket modérateur) ne sont pas à remettre en question, d’autant plus que les lois provinciales les ignorent. 

Non seulement, le gouvernement fédéral doit les maintenir mais il est anormal qu’en 2002, ces principes soient limités aux services médicaux et hospitaliers. Le fédéral doit en élargir la portée pour couvrir les médicaments et les services à domicile, comme l’a recommandé le Forum national, il y a plusieurs années déjà.

Les traités de libre-échange

Dans les mois qui ont suivi la signature de l’ALÉNA, le gouvernement fédéral a réduit du tiers ses transferts aux provinces pour le financement de la santé. Depuis l’intensification des négociations de la ZLÉA en 1998, le gouvernement fédéral refuse de faire appliquer la Loi canadienne sur la santé. Ce fut notamment le cas avec les hôpitaux privés permis par la loi 11 en Alberta.

Non seulement le gouvernement canadien doit-il faire respecter rigoureusement la Loi canadienne sur la santé, il doit aussi fournir des garanties vérifiables que les services de santé seront effectivement exclus de la ZLÉA. La marchandisation et l’américanisation de notre système de santé sont des risques trop réels dans la perspective de l’intégration économique continentale pour qu’on aborde la question avec légèreté ou insouciance.

Les transferts fédéraux

En 1968, lors de la mise sur pied du système de santé, il a été convenu que l’assurance-santé serait un programme à frais partagés (50%-50%). Déjà en 1994, le fédéral ne finançait plus que 18 % et en 2002, ce n’était plus que 14 %.

Pour Marie Pelchat, «il est inadmissible que le fédéral ait unilatéralement revu l’entente initiale et qu’il invoque aujourd’hui un manque d’argent alors que le ministre des Finances engrange des surplus exorbitants».   «La déresponsabilisation fédérale ne sert pas les citoyens. Le gouvernement canadien se prive ainsi des moyens pour faire appliquer la Loi canadienne sur la santé», note Paul Lévesque.

La révision des privilèges consentis à l’industrie pharmaceutique

Toutes les recherches le démontrent, l’élément le plus inflationniste dans les soins de  santé voire même la plus grande menace au système de santé, c’est la croissance du coût des médicaments. Au Québec seulement, il en coûte aujourd’hui un milliard de plus qu’en 1996 et le ministre Legault prévoit une hausse du coût des médicaments de 420 millions par année pour le régime public seulement.

Le Canada, offre une protection aux compagnies pharmaceutiques parmi les plus généreuses au monde. Ne serait-il pas temps de remettre en question ces largesses à des compagnies trois fois plus lucratives que les banques alors que des citoyennes et des citoyens se privent de médicaments faute de pouvoir se les payer.

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