Projet de loi sur l’assurance médicaments Le gouvernement ne joue pas franc jeu et tourne en rond pour éviter les vraies solutions

Pour la Coalition sur l’assurance médicaments, la Coalition Solidarité Santé et la Coalition des médecins pour la justice sociale, il ne fait aucun doute que le projet de loi 98 sur l’assurance médicaments ne réglera pas les principaux problèmes  auxquels est confrontée la population à l’égard de l’accès aux  médicaments.

Il est indéniable que le projet de loi 98 préserve les avantages de compagnies pharmaceutiques trois plus lucratives que les banques et des assureurs privés qui tirent largement profit de la situation.  Le lobby des compagnies pharmaceutiques et celui des assureurs ont été très bien entendus du gouvernement au détriment de l’intérêt collectif de tous les citoyens et toutes les citoyennes du Québec.

«A qui doit d’abord profiter le régime d’assurance médicaments ? C’est à cette question que devra répondre la Commission des affaires sociales, qui débutera l’étude du projet de loi cette semaine.  Cette fois-ci nous espérons que la commission  penchera en faveur des citoyennes et des citoyens», disent d’une seule voix les trois grandes coalitions en santé du Québec.

L’accès aux médicaments toujours compromis

«Même si le ministre Legault affirme que son gouvernement a pris soin de protéger les plus faibles, il n’en demeure pas moins qu’on demande à des personnes assistées sociales n’ayant que 6400 $ par année pour vivre d’allouer plus de 3 % de leurs revenus à l’achat de leurs médicaments. Des personnes âgées avec le supplément de revenu garanti peuvent être appelées à y consacrer plus de 4 % de leurs maigres ressources » note Jennifer Auchinleck porte-parole de la Coalition sur l’assurance-médicaments. 

Le gouvernement aurait dû pourtant répondre aux revendications  des groupes qui luttent contre la pauvreté et des experts de santé publique qui ont démontré que les contributions des personnes à faible revenu comportent d’importants risques de privations de médicaments .

Le gouvernement a amplement la capacité de financer la gratuité des médicaments pour les personnes à faible revenu, mais il  a fait un choix idéologique,  inspiré des idées réactionnaires du professeur Montmarquette. 

Une croissance débridée des coûts qui risque de se poursuivre

Pour Marie Pelchat, porte-parole de la Coalition Solidarité Santé, «les assureurs privés doivent se réjouir la mauvaise presse que le gouvernement alimente face au régime public d’assurance-médicaments.  La situation dans les régimes collectifs est tout à fait comparable  et même pire, mais on n’en parle peu . Les hausses de 15 à 18 % par année ne sont pas l’apanage au régime public et les ravages qui en découlent non plus. Présentement, des centaines de milliers de travailleurs et de travailleuses voient leurs revenus sévèrement amputés en raison de la hausse débridée et incontrôlée des coûts des médicaments.  Pendant ce temps, les assureurs privés profitent de la situation en tirant de plus en plus de bénéfices. Seul un régime universel et public peut mettre un holà à ce gaspillage.

Le gouvernement prévoit bien quelques «mesurettes» qui peuvent donner l’impression qu’il s’occupe du contrôle des coûts. Cependant on ne retrouve pas dans les recommandations gouvernementales «une politique d’achat au plus bas prix» ni même l’annonce «d’une politique du médicament»  alors que ces propositions avaient fait consensus lors des dernières consultations sur l’assurance médicaments. Le gouvernement nous propose bien une Table de concertation qui aura  pour mandat d’identifier les priorités et les actions à mener en matière d’utilisation des médicaments.  On fait entrer le loup dans la bergerie en permettant aux compagnies pharmaceutiques d’y siéger alors les citoyens en sont exclus.  On voit encore là où penche le gouvernement.

Les médecins doivent être les alliés de la population

Pour le porte-parole de la Coalition des médecins pour la justice sociale, Dr Paul Saba,  il est important que le gouvernement québécois réalise que les médecins québécois font l’objet d’une attention très particulière de la part des compagnies pharmaceutiques. Celles-ci multiplient les stratégies pour inciter les médecins à prescrire les médicaments les plus coûteux au détriment de d’autres parfois aussi efficaces. Certains experts estiment même que les compagnies investissent l’équivalent de 20 000 $ par année, par médecin au Québec.

«Les compagnies pharmaceutiques sont en conflit d’intérêt et c’est assez simple à comprendre. Elles n’ont aucun intérêt à rester neutres pour que les médicaments prescrits soient les plus efficaces et les moins coûteux si cela se fait au détriment de leurs profits. Actuellement, un des problèmes majeurs est le fait que les médecins ignorent très généralement le coût des médicaments qu’ils prescrivent. La hausse du nombre de prescriptions a certainement  quelque chose à voir avec le marketing de l’industrie pharmaceutique.  Or, le projet de loi 98 ne prévoit rien d’innovateur au chapitre des économies réalisables avec l’aide des médecins  pas plus qu’il ne balise les pratiques marchandes abusives de l’industrie pharmaceutique» conclut-il.

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