Assurance médicaments: ne rien faire n’est pas une option pour le Québec!

Lettre aux député.e.s du Bloc québécois

Monsieur Blanchet,

Depuis plusieurs années, des acteurs et des experts de plus en plus nombreux se sont positionnés en faveur d’un régime d’assurance médicaments entièrement public et universel. De plus, il existe un fort consensus social et scientifique québécois pour l’instauration d’une assurance médicaments 100 % publique.

Néanmoins, à l’encontre de ce consensus québécois, vous avez exprimé de fortes réticences à l’instauration d’un régime national d’assurance médicaments public et universel dans une lettre récente adressée à la Coalition canadienne de la santé, dont nous avons pris connaissance. Il est décevant de constater que l’intérêt du Québec, dans ce dossier, semble pour vous être dissocié de l’intérêt des Québécoises et des Québécois. Demander le droit de retrait avec pleine compensation est légitime, mais il ne faudrait pas laisser sous-entendre que notre régime québécois est adéquat puisque ce n’est clairement pas le cas : il a au contraire un urgent besoin de réforme, et l’occasion est belle de passer à l’action.

En effet, le Québec ne peut se permettre de faire bande à part sur cet enjeu. Le modèle québécois d’assurance médicaments (privé-public) pose de graves problèmes, tant sur le plan social que sur le plan financier. Dans ce contexte, ne rien faire n’est pas une option pour le Québec! Ne rien faire, c’est accepter :

  • que près d’une Québécoise et un Québécois sur dix n’ait pas les moyens de se procurer ses médicaments d’ordonnance;
  • qu’au Québec, des personnes doivent choisir entre manger ou acheter leurs médicaments;
  • que le Québec paie les prix les plus élevés du monde pour ses médicaments, tout juste derrière les États-Unis et la Suisse;
  • que le Québec continue de dépenser plus que les autres provinces pour ses médicaments (1 144 $ par habitant au Québec contre 1 043 $ pour le reste du Canada et 713 $ pour la médiane des pays de l’OCDE);
  • que le prix des médicaments continue d’augmenter de façon incontrôlable (dépenses de 2,6 milliards en 1985 à 33,7 milliards en 2018 au Canada), plombant les finances publiques et les régimes d’assurances collectives (la population du Québec paie près de 9 milliards annuellement pour ses médicaments prescrits, et la croissance des coûts est insoutenable);
  • que dans les milieux de travail, le coût des assurances collectives privées qui ne cesse d’augmenter (6 à 12 % de la masse salariale au Québec) soit devenu un frein important à l’amélioration des conditions de travail;
  • que les Québécoises et les Québécois continuent de recevoir des factures différentes pour une même ordonnance selon qu’ils soient assurés au public ou au privé, ce qui pose des problèmes d’équité évidents.

Ne rien faire n’est pas une option pour le Québec! En tant que chef du Bloc québécois, je vous demande de prendre acte du consensus social et scientifique québécois en faveur d’un régime d’assurance médicaments 100 % public et d’agir dès maintenant en appui aux initiatives dans ce dossier, qui permettront davantage d’équité dans l’accès aux médicaments et un meilleur contrôle des coûts. Il en va de notre santé, incluant celle de nos finances publiques.

Je vous prie d’agréer, Monsieur Blanchet, l’expression de mes sentiments distingués,

Anne Plourde
Coordonnatrice de la Coalition solidarité santé