Catégorie : <span>Lettres</span>

Lettre ouverte

Lundi dernier, le chef du Parti libéral du Canada s’est engagé à mettre en place un régime national d’assurance médicaments. Affirmant s’inspirer du rapport Hoskins déposé en juin dernier, Justin Trudeau a néanmoins omis de préciser les détails d’un éventuel programme, se réfugiant derrière la complexité des relations fédérales-provinciales. Or, nos organisations ne peuvent se contenter d’un tel engagement, dont les paramètres sont des plus flous.

Les conclusions du Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance médicaments sont on ne peut plus claires : seul un régime entièrement public et universel pourrait régler les problèmes d’injustice, d’accessibilité et de coûts qui sévissent en ce moment au Canada.

La mosaïque de régimes au Canada — plus de 100 qui sont publics, pas moins de 100 000 privés — a entraîné de profondes iniquités en termes d’accès aux médicaments. Au Québec et dans le reste du Canada, environ 10 % de la population ne prend pas ses médicaments, faute de moyens financiers.

La comparaison du coût moyen par habitant démontre également l’absurdité de la situation. En 2016, les dépenses totales pour les produits pharmaceutiques (médicaments d’ordonnance et en vente libre) étaient de 1144 $ par personne au Québec. Dans le reste du Canada, la dépense s’élevait à 1043 $ alors que la médiane pour l’ensemble des pays de l’OCDE était de 719 $. Cette situation est des plus préoccupantes.

Rappelons que de tous les pays dotés d’un régime universel de soins de santé, seul le Canada n’assure pas une couverture publique et universelle des médicaments d’ordonnance.

Éviter l’erreur du Québec

Rappelons qu’au Québec, les citoyennes et les citoyens ayant accès à un régime d’assurance collective privé à leur travail doivent obligatoirement souscrire à une couverture pour les médicaments. Seuls les individus n’ayant pas accès à un régime d’assurance privé peuvent adhérer au régime public d’assurance médicaments.

Cette coexistence d’un régime public parmi plusieurs régimes privés nous prive d’un puissant levier de négociation auprès des compagnies pharmaceutiques. Le même médicament générique peut coûter, au Canada, dix fois plus cher qu’en Nouvelle-Zélande. Les études démontrent que l’instauration d’un régime entièrement public et universel pourrait réduire le prix des médicaments de 20 % à 40 %. Seulement au Québec, on parle d’économies de l’ordre de 1 à 3 milliards de dollars par année.

Le prochain gouvernement fédéral devra viser un partenariat avec les provinces, afin de s’assurer du respect des compétences provinciales. Toutefois, les faits démontrent clairement que le régime hybride qui existe au Québec est loin de satisfaire les besoins de santé – et budgétaires – de la population. Dans ce contexte, la table doit être mise pour que les réformes améliorent le sort des Québécoises et des Québécois, et non pas seulement celui des citoyennes et citoyens des autres provinces au Canada. Un régime entièrement public et universel diminuerait les coûts tant pour les gouvernements, les travailleuses et les travailleurs que pour les employeurs. Le Québec et le reste du Canada ne peuvent se priver d’une telle opportunité. Voilà pourquoi nous demandons à tous les partis politiques fédéraux de se prononcer clairement sur cet enjeu.

Signataires:

  • Jacques Létourneau, président de la CSN
  • Daniel Boyer, président de la FTQ
  • Sonia Éthier, présidente de la CSQ
  • Nancy Bédard, présidente de la FIQ
  • Carolle Dubé, présidente de l’APTS
  • Luc Vachon, président de la CSD
  • Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles
  • François Décary-Gilardeau, président, Union des consommateurs
  • Anne Plourde, coordonnatrice de la Coalition solidarité santé

Analyse, chronique et lettre ouverte Assurance médicaments Lettres

Au moment où la campagne électorale se mettait en marche, un sondage rendait compte que la première préoccupation des Québécois demeurait, et de loin, la santé.  À l’image de la population, la Coalition Solidarité Santé, qui regroupe près d’une cinquantaine d’organisations syndicales, communautaires, féministes, religieuses et citoyennes, est sérieusement préoccupée par les politiques mises en place ces dernières années pour tenter de résoudre les nombreux problèmes récurrents qu’accuse notre système public de services sociaux et de santé. 

 
Beaucoup de questions mériteraient d’être abordées pendant cette campagne électorale. Nous en avons choisi trois qui ont une incidence marquante tant au niveau des revenus que des dépenses en santé et services sociaux.
 
Sachant que chaque parti en lice aux élections place la santé en haut de ses priorités, non seulement en termes d’importance pour la population mais aussi au regard des finances publiques, nous souhaitons que votre parti fasse connaître ses positions sur les sujets ci-dessous avant le 20 août 2012.
 
Voici maintenant les questions, que nous vous soumettons avec une brève mise en situation :
 
1.     La contribution santé, aussi appelée « taxe santé » :
Cette taxe, introduite au rapport d’impôt 2010 au coût fixe de 25$ par adulte, a augmenté à 100$ l’année suivante et connaîtra une nouvelle hausse à 200$ en 2012. Que votre revenu annuel soit de 15 000$, 150 000$ ou 1 500 000$, vous payez le même montant. Nous considérons cette taxe comme socialement injuste et fiscalement inéquitable. L’équité fiscale commande une contribution en fonction de la capacité de payer, i.e. qui tient compte du revenu des individus. Le financement des services publics sociaux et de santé doit se faire par des impôts progressifs appliqués aux individus et aux entreprises, en fonction de leurs revenus. Par conséquent, il faut abolir la taxe santé et redonner de la progressivité aux impôts des particuliers et des entreprises.
 
Quelle est votre position par rapport à la taxe santé?
 
 
2. Le régime hybride d’assurance-médicaments :
Mis sur pied en 1996, et bien qu’ayant constitué une avancée importante par rapport à la situation qui existait, le régime actuel d’assurance médicaments montre bien les travers inhérents à son côté hybride : 
  • du côté public : un déficit récurrent annuel de 2 G$ (comblé par une augmentation des primes de 242% en 12 ans, et par les impôts), croissance annuelle des dépenses de 8%; 
  • du côté privé : croissance annuelle des coûts de 10 à 15%, frais administratifs quatre fois plus élevés que dans le public, coût des assurances collectives qui va de pair avec la croissance du coût des médicaments;

et plus généralement : 

  • la règle dite « des 15 ans » qui oblige le gouvernement à rembourser pendant 15 ans le prix (plus élevé) d’un médicament d’origine, même si une version générique (et moins chère) est mise en marché; le Conseil du Trésor admettait qu’en 2012, cette règle lui coûterait 193 millions$ pour un retour de 37 M$ de l’industrie; 
  • les supposés investissements en R&D, alors qu’il a été démontré que les hausses du prix des médicaments financent davantage le marketing et les actionnaires que la recherche de nouveaux médicaments;
  • les « nouveaux médicaments »: seulement 0,2 % des nouveaux médicaments mis sur le marché actuellement présentent une « innovation majeure», mais 100 % de ces «nouveautés» se vendent beaucoup plus cher que leurs versions équivalentes plus anciennes.
 
Tous ces facteurs font que les québécoises et les québécois paient 38% de plus pour leurs médicaments que les autres citoyens de pays développés!
 
La mise sur pied d’un régime universellement public d’assurance médicament, accompagné d’une politique du médicament, permettrait d’économiser plus d’un milliard de dollars de fonds publics, des sommes qui pourraient être réinvesties pour améliorer les services publics sociaux et de santé. 
 
Quelle est votre position par rapport à la mise sur pied d’un tel régime universellement public d’assurance médicaments, accompagné d’une politique du médicament?
 
 
3. La sous-traitance/privatisation des services publics sociaux et de santé:
Permission d’assurance privée pour des soins de santé, sous-traitances de chirurgies à des cliniques privées, utilisation d’agences privées pour des services infirmiers, contrats en PPP pour des établissements de services et de soins, etc, depuis les 10 dernières années, les ouvertures au privé se sont multipliées, favorisant le développement de ce secteur de la santé au détriment du système public, cannibalisant ses ressources humaines (désengagement de médecins de la RAMQ, professionnels préférant travailler au privé plutôt qu’au public), avec comme conséquences d’annihiler les efforts engagés pour réduire les temps d’attente pour des services ou des soins, et d’augmenter la pression sur le personnel soignant restant pour maintenir la qualité et la quantité de services dispensés. Si encore cette situation coûtait moins cher aux citoyens et au Trésor public. C’est tout le contraire, et pour des raisons évidentes et fondamentales au privé : la notion de profits! Car pour faire des profits, le privé:
diminue la quantité ou la qualité des services pour un même prix;
diminue la qualité des conditions salariales et de travail de son personnel, ou la qualité même du personnel rendant les services;
à quantité et qualité égale, augmente les prix.
 
Et plus souvent qu’autrement, il combine les trois!
 
Les problèmes du système public de services sociaux et de santé ne se résolvent pas par plus de privé : les véritables solutions sont publiques, parce que réalisées au prix coûtant et pour le bien (certains diraient « au profit ») de l’ensemble de la société.
 
Quelle est votre position par rapport à l’utilisation de la sous-traitance et du privé pour solutionner les problèmes du système public de services sociaux et de santé ?
 
 
À la lecture des mises en situation, il est évident qu’à la Coalition solidarité santé, nous avons un parti pris pour un système public de santé, et parce que toute la société en profite, nous considérons que son financement doit être public, via des impôts progressifs s’appliquant à toute la société, i.e. aux particuliers et aux entreprises.
 
Depuis sa fondation en 1991, la Coalition a toujours été motivée dans ses actions par la défense du droit à la santé pour l’ensemble de la population québécoise, et ce, sans égard au statut ou au revenu des citoyennes et des citoyens. Elle défend le caractère public, la gratuité, l’accessibilité, l’universalité et l’intégralité des services de santé et des services sociaux.
 
Convaincus que votre parti considérera l’importance des questions soumises et que la population a besoin de connaître vos réponses pour faire un choix éclairé lors de l’élection générale, nous vous rappelons que nous souhaitons que votre parti fasse connaître ses positions sur les sujets soulevés ci-haut  avant le 20 août 2012.
 
D’ici là, recevez, Mesdames, Messieurs, nos meilleures salutations.
 
Jacques Benoit,
Coordonnateur
 
 

Voici les réponses des partis:

 
10 Août, Coalition Avenir Québec
Nous accusons réception de votre courriel. Soyez assuré que nous traiterons votre demande dans les plus brefs délais. Merci de votre support! C’est assez, faut que ça change!
L’équipe de la Coalition Avenir Québec
 
We acknowledge reception of your e-mail. It will processed as soon as possible and a response will follow in due time. Thank you for your support! Enough, vote for change!
Coalition Avenir Québec Team
 
**************************************************
 
13 août, Parti Libéral du Québec
Vous avez fait parvenir au chef du Parti libéral du Québec, monsieur Jean Charest, une lettre datée du l0 août 2012 concernant les positions de notre formation politique en regard de certains sujets qui vous préoccupent plus particulièrement. 
 
Soyez assuré que votre correspondance recevra toute la considération qu’elle requiert.
 
Nous vous remercions d’avoir communiqué avec nous et vous prions de recevoir, Monsieur, nos salutations les meilleures.
 
Samuel Murray
Directeur du contenu
 
**************************************************
 
16 août, Option nationale
Nous avons reçu votre lettre datée du 10 août 2012 et nous nous empressons d’y répondre malgré un agenda chargé qui nous a été imposé par le gouvernement Charest en déclenchant des élections en plein été.
 
Dans votre lettre, vous voulez connaître notre position relativement à 3 préoccupations que vous soulevez, à savoir la taxe santé, le régime hybride d’assurance-médicaments et la sous-traitance dans le domaine de la santé.
 
Concernant la taxe santé, même si nous n’avons pas abordé spécifiquement cette question lors de notre congrès de fondation, il est raisonnable de croire que nos membres pourraient éventuellement se prononcer pour l’abolition de cette taxe lors de notre prochain congrès ou lors de la prochaine conférence nationale du parti, puisque cette mesure décretée par le gouvernement Charest n’est vraiment pas compatible avec l’esprit du programme que nous avons adopté en matière de santé et qui met l’accent sur la consolidation du caractère public et universel de notre système de santé. Nous vous prions donc de prendre note que vous trouverez parmi les membres et dirigeants dans notre parti un appui solide pour l’abolition de cette taxe.
 
En ce qui concerne le régime d’assurance-médicaments, nous vous référons à la proposition 4.7 de notre programme qui se lit comme suit : Un gouvernement d’Option nationale créera Pharma-Québec, société d’État responsable de la gestion des produits pharmaceutiques dans le réseau québécois de la santé, dans le but de freiner la hausse du coût des médicaments au Québec. Pharma-Québec pourra également produire ses propres médicaments génériques.
 
Enfin, pour ce qui est de la sous-traitance et de la privatisation des services publics sociaux et de santé, vous avez une réponse dans la philosophie générale exprimée par nos membres à l’article 4.1 du programme qui se lit comme suit : Un gouvernement d’Option nationale réaffirmera le caractère public et universel du système de santé québécois. La participation du secteur privé sera limitée.
 
Espérant le tout conforme, nous vous prions d’agréer, cher monsieur, l’expression de nos sentiments les plus distingués.
 
Denis Monière
Option nationale
 
**************************************************
 
20 août, Québec solidaire
Nous partageons tout à fait vos préoccupations. Voici nos réponses à vos questions. Elles sont courtes, mais il y a bien peu à dire lorsqu’on est d’accord.
 
1. Nous abolirons la contribution santé. Nous perdons des revenus annuels de 950 millions de dollars ce faisant, mais économiserons 2,7 milliards de dollars avec la mise en place de Pharma-Québec. L’augmentation de la progressivité de l’impôt des particuliers avec 10 paliers d’imposition  et  l’augmentation  du  taux  d’imposition  des  entreprises  iront  chercher respectivement 1,3 milliards et 800 millions de dollars pour l’État québécois.
 
2. Québec solidaire mettra en place une assurance médicaments publique et universelle de même que Pharma-Québec, un pôle public d’acquisition et de production de médicaments. Cet organisme s’engagera également dans la voie de la recherche et développement et permettra ainsi de réelles avancées pharmaceutiques.
 
3. Québec solidaire garantira des soins de santé et des services sociaux publics, universels, gratuits, de qualité et de proximité, 24 heures sur 24, grace à des mesures concretes pour mettre fin à la privatisation dans le réseau (p. ex. : étanchéité renforcée entre le public et le privé, frais accessoires éliminés). Québec solidaire prévoit d’ailleurs économiser 60 millions de dollars annuellement en cessant de recourir aux agences privées de placement en santé.
 
Si de nouvelles questions surgissent à la lecture de ces réponses, n’hésitez pas à nous contacter de nouveau.  Vous  trouverez  ci-joint  notre  plateforme électorale complète ainsi que notre cadre budgétaire.
 
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments les plus sinceres,
 
Régent Séguin
Secrétaire général de Québec solidaire
 
 
**************************************************
 
24 août 2012, Parti québécois
Au nom de la chef du Parti Québécois, Pauline Marois, je donne suite à votre lettre du 10 août dernier concernant les engagements électoraux.
 
Comme vous le savez, au cours de la présente campagne électorale, nous avons réitéré un engagement que nous avons pris il y a quelques mois d’abolir c’est odieuse taxe santé. L’abolition de la taxe santé se fera à coût  nul. Cette mesure de 1 milliard de dollars sera financée par la création de deux nouveaux paliers d’imposition pour les contribuables dont le revenu annuel imposable s’élève à plus de 130 000 dollars et à plus de 250 000 dollars.
 
De plus, les déductions fiscales applicables aux gains en dividendes et à certains gains en capital seront réduites de 50 %.
 
En ce qui a trait à la mise en place d’un régime universel d’assurance médicament, il s’agit d’une orientation qui n’a pas été retenue par notre formation politique.
 
Enfin, le Parti Québécois a fait la bataille contre les agences privées d’infirmières dans le réseau de la santé. Il s’agit à notre avis d’un type de sous-traitance que nous devons contrer au nom de la qualité des soins offerts aux patients, mais également pour le prix. Rappelons que l’utilisation des agences privées d’infirmières dans le réseau de la santé et des services sociaux coûte entre 15 % et 20 % plus cher que des infirmières dont les établissements sont les employeurs.
 
Nous sommes d’avis que nous devons améliorer le système public de santé, mais la sous-traitance des soins vers le secteur privé ne représente pas une voie à privilégier.
 
Par ailleurs, je vous invite à consulter notre plateforme électorale à l’adresse suivante: http://depot.pq.org/files/893b7689891f254a342c90c0766cb241/Brochure_Plateforme.pdf
 
Le 4 septembre prochain, la population choisira la direction que doit prendre le Québec. 
 
Le projet que propose notre parti permettra à tous  les Québécois de reprendre le contrôle de leur avenir au sein d’une société meilleure, plus riche et plus juste. 
 
Veuillez agréer, Monsieur le Coordonnateur, l’expression de mes sentiments les meilleurs. 
 
Martin Caillé 
Directeur du contenu 
 
 

Documents Lettres

Monsieur le Commissaire,
J’ai assisté le 30 mai dernier à une rencontre organisée par vos services intitulée « Faites entendre votre voix : devrait-on prendre moins de médicaments pour participer à la réduction des dépenses en santé? »
 
Présenté comme un débat public, s’inscrivant dans différentes activités de consultation relatives au médicament, ce débat ouvert à tous proposait une table ronde où échangeaient six intervenants actifs dans l’univers du médicament :

  • Deux représentants des consommateurs de médicaments, i.e. les malades ou leur association;
  • Une représentante du Collège des médecins du Québec;
  • Une prof de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal;
  • Une économiste et docteure en administration de la santé;
  • Et un représentant des compagnies pharmaceutiques.

En me rendant sur place, je me demandais pourquoi votre thème contenait deux questions: « devrait-on prendre moins de médicaments », et « que devrait-on faire pour la réduction des dépenses publiques ». Déjà, prises séparément, celles-ci auraient eu de quoi meubler plus d’une soirée de discussion.
 
Par exemple, pour la première,  devrait-on prendre moins de médicaments, la  réponse vient aisément : oui, toujours le moins possible de médicaments. Les médicaments, c’est curatif, ils  sont là quand on n’a rien d’autre pour soigner la maladie. Et pour en prendre le moins possible:

  • il faut  aller du côté préventif, c’est-à-dire améliorer les conditions de vie, qui sont les conditions de santé : un revenu décent, un logement convenable, une saine alimentation, un environnement sain, de bonnes habitudes de vie, bref, toutes conditions permettant de rester en bonne santé;
  • il faut aussi cesser de tout médicamenter : la santé mentale, par exemple, est très dépendante de facteurs sociaux et, conséquemment, ne se soigne pas qu’avec des médicaments; ou encore l’exemple de la prescription de Ritalin chez les enfants un peu turbulents qui soulève beaucoup d’opposition;
  • il ne faut pas non plus permettre la publicité sur des médicaments : l’objectif de la publicité n’est pas d’informer sur le comment ne pas être malade, mais de vendre plus de médicament.

On le voit bien, juste avec cette question, nous aurions pu avoir un excellent débat.
 
Que devrait-on faire pour la réduction des dépenses publiques aurait également pu soulever son lot de questions différentes qui sont toutes reliées aux dépenses publiques. Mais si vous vouliez, M. le Commissaire, ne vous attarder qu’au chapitre du coût des médicaments, pourquoi en avoir traité que sous le chapeau de la trop grande consommation? Bien avant la surconsommation, les principaux problèmes du coût des médicaments sont plutôt l’organisation du régime hybride en place depuis 1996 au Québec, ainsi que les politiques de soutien à l’industrie pharmaceutique par des brevets qui durent 15 ans, de même que la politique de prix démesurément trop onéreuse pratiquée par les pharmaceutiques elles-mêmes.
 
J’avoue également avoir été surpris qu’un représentant de cette industrie pharmaceutique soit sur le panel de présentateurs pour nous expliquer en quoi ça coûte cher de produire un médicament, pourquoi ils les vendent si chers, leurs codes d’éthique et d’autorégulation! J’avais l’impression d’entendre le loup nous expliquer le meilleur système de sécurité pour la bergerie!
 
J’aurais plutôt souhaité voir sur ce panel Marc-André Gagnon, professeur à l’université de Carleton et chercheur pour l’Université Harvard, qui a produit en 2010 une étude solide argumentant pour un régime universellement public d’assurance médicament (RUPAM). Son étude propose 3 solutions différentes ayant pour base un RUPAM, seul ou accompagné d’autres mesures. Les résultats, pour le Canada, seraient des économies annuelles de 3 G$ dans le cas du seul RUPAM, de 4,5G$ si accompagné de quelques mesures modérées, et de 10,7G$ si on abrogeait tous les privilèges consentis aux pharmaceutiques. Pour le seul Québec, on parle d’économies pouvant se situer entre 1 et 3 G$ par année.
 
M. le Commissaire, si vous voulez vraiment, permettre aux citoyennes et citoyens d’être mieux informés, de comprendre les enjeux, les divers points de vue, et de pouvoir à la fois questionner et en discuter, il faut mettre sur la table les différentes solutions qui sont préconisées et s’assurer de la présence des bonnes personnes pour les présenter.
 
J’ose espérer, M. le Commissaire, que vous corrigerez le tir pour les prochaines soirées débat que vous tiendrez sur le sujet, que vous vous assurerez que les solutions sérieuses préconisées par des chercheurs reconnus soient mises en débat, et que des représentants non pertinents cèdent leur place sur le panel d’invités.
 
Comprenons-nous bien, M. le Commissaire : je ne dis pas qu’il faut exterminer les loups! Mais de là à leur confier ma santé…
 
Jacques Benoit
Coordonnateur de la Coalition solidarité santé

Documents Lettres

Nous désirons, par la présente, signifier notre appui à l’instauration d’un régime public universel d’assurance médicaments au Québec.

Depuis déjà nombre d’années, le gouvernement du Québec répète que les coûts de la santé ne cessent d’augmenter et que nous devrons faire des choix comme citoyennes et citoyens.

En tant que gouvernement responsable qui s’assure à la fois de prendre soin de toute sa population, en ne laissant personne pour compte, il est de votre devoir de faire les meilleurs choix permettant que chaque sou public investi rapporte son poids en soins, en services et en biens à la population.

Cela signifie aussi que vous devez regarder les faits, tous les faits, et conséquemment, prendre les décisions qui vont dans le sens du bien commun public.

Le coût des médicaments fait partie de ces problèmes récurrents auxquels nos gouvernements ont refusé de s’attaquer depuis le début du projet de loi sur l’assurance médicament en 1997.

Quels sont les faits?

Les dépenses et le coût des médicaments explosent, tant dans le régime public que dans les régimes privés.  À cet égard, les chiffres sont éloquents :

  • les dépenses en médicaments et en services pharmaceutiques de la RAMQ représentent le deuxième poste de dépenses le plus  important après celui des services médicaux;
  • de plus, alors que, de 1996 à 2005, le taux de croissance annuel du produit intérieur brut (PIB) était de 4,9 %, le taux de croissance des dépenses du Ministère de la Santé (MSSS) était plutôt, lui, de 5,5 % et celui du programme des services pharmaceutiques et des médicaments de la RAMQ de… 14,1 %;
  • le coût de la prime du régime public a bondi de  242 % en 12 ans,  le régime devant absorber une  croissance des dépenses de l’ordre de 8 % par an; 
  • dans les régimes privés d’assurance collective, la croissance des coûts est, quant à elle, de 10 % à 15 %.

 

Le résultat de tout cela est que les Québécois défraient 38% de plus que la moyenne des pays de l’OCDE pour leurs médicaments. Ça suffit, ça a assez duré.

Il est plus que temps que votre gouvernement cesse de jouer à l’autruche, et qu’il s’attaque aux véritables problèmes du système public de santé.

Aussi, afin d’assurer un contrôle des coûts et la pérennité du régime universel, nous revendiquons :

  • que la Politique du médicament soit améliorée afin, entre autres, de prévoir des mesures de contrôle du coût des médicaments et l’abolition de certains des privilèges accordés aux pharmaceutiques;

  • qu’une politique d’achat de médicaments soit adoptée;

  • que le gouvernement reconnaisse que la thérapie médicamenteuse fait partie intégrante du système de santé;


  • et qu’un encadrement serré des pratiques de promotion et de marketing de l’industrie pharmaceutique soit effectué.

 

En 2003, l’aspirant premier ministre Charest et son parti se disaient prêts à améliorer le système de santé « dès le lendemain des élections » (entrevue à Radio-Canada).

Au même moment, tous les intervenant-e-s de la santé s’entendaient pour dire que le geste le plus significatif à poser pour, à la fois, contrôler des coûts, dégager des ressources et les réinvestir aux bons endroits, était de mettre rapidement fin au régime hybride actuel d’assurance médicaments pour le remplacer par un régime public universel, pour le bien-être de tous les Québécois.

5 ans de ministériat Couillard et 3 ans de Bolduc n’ont toujours pas suffi à trouver le temps de régler ce problème aussi évident que le nez au milieu du visage.

Huit ans au total, et nous attendons toujours l’instauration de ce régime public universel d’assurance médicaments au Québec.

Nous sommes même prêts à vous rencontrer pour faire une fois de plus avec vous le tour de la question.

Attendant impatiemment votre réponse,

 

Jacques Benoit, coordonnateur

Pour la Coalition solidarité santé.

 

(Voir aussi les documents ci-dessous)

Assurance médicaments Documents Lettres