Les 10 ans des CSSS: quel bilan?  – Mise au jeu

 

 

Assemblée publique sur les 10 ans des CSSS

12 mars 2014, Centre St-Pierre, 19h.

Animée par Lorraine Guay

Panélistes invités:

David Levine, ex PDG de l’Agence de la Santé et des Services sociaux de Montréal

Johanne Archambault, ex responsable de l’Observatoire québécois sur les réseaux locaux de services

André-Pierre Contandriopoulos, professeur et chercheur à l’Université de Montréal

René Lachapelle, ex organisateur communautaire du réseau et chercheur associé à l’UQO

Mise au jeu de la

Coalition solidarité santé

Dans les années soixante, le Québec a décidé de se doter d’un réseau public de santé et de services sociaux. Mais ce n’est qu’au début des années soixante-dix qu’une vision plus précise s’est dessinée et que s’est déployé le réseau avec ses différentes institutions et mandats. Ce déploiement du réseau prendra plus de 20 ans.

Dans les faits, notre système de santé et de services sociaux « moderne » est encore jeune. Ce qui ne lui a pas évité d’affronter plusieurs épreuves, dont de fortes compressions budgétaires, dès le début des années 80.

De manière générale, malgré le retard à rattraper, le Québec s’est doté durant cette période d’un système de santé et de services sociaux de qualité, relativement accessible malgré l’étendue du territoire, et qui fait une place importante aux services sociaux et à la complémentarité des disciplines dans l’administration des services. Le système québécois s’est d’ailleurs mérité plusieurs reconnaissances internationales.

En 1992, le gouvernement adopte la Loi 120. Il s’agira d’une opération majeure pour le Réseau. Elle aura ses détracteurs et ses partisans, mais la Loi 120 confirme une certaine vision « globale » de la santé et du bien-être des personnes, elle établit l’importance des organismes communautaires dans le respect de leur autonomie, et renforce les instances de décisions régionales. Mais aussi, elle prépare la venue de compressions majeures en décentralisant.

Durant la même période, la désinstitutionalisation de plusieurs services devient la norme.

Puis en 1996, le nuage du déficit zéro apparait… Et déboulent les compressions, les fermetures, les mises à la retraite, etc.

En 2003, on peinait encore à reprendre notre souffle quand le nouveau ministre SSS Philippe Couillard propose une nouvelle réforme : la Loi 25.

Le ministre soutient lors de la présentation de sa réforme que :

• la fusion des établissements favorisera le continuum de service, donc la maximisation des ressources;

• la première ligne sera priorisée;

• les nouveaux établissements seront responsables de la santé de la population de leur territoire (responsabilité populationnelle);

• chaque citoyen aura droit à son médecin de famille;

• les temps d’attente seront diminués;

• les coûts financiers pour le gouvernement seront diminués;

• la protection des ressources allouées aux services sociaux sera assurée (clapets);

• les Régies régionales seront abolies.

Ce sera l’une des plus importantes réformes de structures de l’histoire récente du Québec.

10 ans plus tard, qu’est-il advenu du réseau de la santé et des services sociaux au Québec?

• On cherche encore quelqu’un pour nous expliquer la notion de responsabilité populationnelle;

• Malgré l’augmentation du nombre de médecins et… de leur rémunération, on se demande qui a un médecin de famille?;

• Le nombre de postes-cadres a augmenté de 30% depuis 10 ans;

• Le poids financier du réseau sur les finances publiques ne cesse d’augmenter, passant de 42% du budget de l’État en 2003 à 45% en 2013;

• L’atrophie des services sociaux est alarmante;

• Pour les organismes communautaires, la régionalisation s’est transformée en « localisation » et ils se battent toujours pour obtenir un financement à la mission globale respectueux de leur autonomie et de leurs spécificités face au réseau, et qui soit à la hauteur de leurs besoins et de ceux de la population.

• Les Régies régionales de santé et des services sociaux ont été… remplacées par des Agences, avec des budgets augmentés, mais vidées des postes électifs aux conseils d’administration.

D’ailleurs, le changement de nom n’est peut-être pas innocent puisque que dans le dictionnaire, le mot « régie » est associé à des mots comme « administration, conduite, direction, gestion, gouvernement, » alors que le mot « agence » est plutôt associé à des mots comme « affaire, bourse, succursale, intermédiaire, commerce… »

En 2003, le Dr Dutil déclarait en commission parlementaire :

« La réforme est hospitalo-centriste. Les directeurs d’hôpitaux – et j’en ai été un – n’ont pas l’expertise pour diriger et réseauter les soins de première ligne. »

Ce soir, nos panélistes feront à leur tour un bilan des résultats de cette fusion des établissements.

Mais ensuite, c’est vous qui pourrez prendre la parole pour interroger, pour nous partager vos questionnements, et votre propre bilan de la fusion, des jours heureux qu’elle promettait, et des réalités qu’elle a laissées sur le terrain.

Bonne soirée !

Voir la conclusion de la soirée.

Voir l’intégralité de l’assemblée.

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