Un budget désastreux en santé et services sociaux

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, a déjà estimé qu’il avait besoin de
1,3 milliard de plus par an, soit un milliard pour la croissance des coûts et 300 millions pour le développement. Il obtient moins des deux tiers avec 826 millions. Dans l’ensemble, c’est un budget désastreux, qui fragilisera encore plus nos services de santé et nos services sociaux, estime la Coalition Solidarité Santé.
   
Avec ce budget, le Québec s’enlise davantage au dernier rang des provinces augmentant ses dépenses de santé à un rythme inférieur à la moyenne canadienne. Le Québec continuera d’être la province où les dépenses publiques de santé par habitant sont les moins élevées et où la proportion du budget provincial consacré à la santé est la plus faible.

Dans le budget, il n’y a pas de répit pour les services à la jeunesse, pour les services de réadaptation aux personnes handicapées et pour les soins de longue durée malgré leur sous financement chronique et les besoins criants.

Le néant dans les services à domicile

S’il y a unanimité au Québec sur les priorités en santé, tant chez les intervenants sur le terrain, chez les experts que parmi la population, c’est bien au chapitre de la nécessité d’investir massivement dans les services de
soutien à domicile. Le Québec garde toujours la triste palme de la province canadienne qui accorde le plus faible budget à ces services. Le Québec devrait hausser ses dépenses de 386 millions pour atteindre le niveau canadien.

Le budget démontre que le gouvernement Charest n’a pas l’intention de tenir sa promesse d’assurer un financement adéquat aux services à domicile. Plus d’un million de Québécois et Québécoises ont des incapacités et une bonne partie d’entre eux, quel que soit leur âge, doivent avoir accès à des services de soutien pour participer pleinement à la vie de leur communauté. Leur refuser des services à domicile publics, accessibles et gratuits, est une négation de leur droit à la santé.

Médicaments

Les dépenses gouvernementales en médicaments augmenteront de 9% pour atteindre 1 milliard 856 millions. Le gouvernement refilera encore une fois une facture aux personnes couvertes par le régime public d’assurance médicaments, en augmentant leur contribution en primes et franchises de 618 millions à 680 millions, soit une augmentation de 10 %.

Le parti libéral s’était engagé, en campagne électorale, à assurer la gratuité des médicaments aux 712 000 personnes qui sont prestataires de la sécurité du revenu et aux aîné-es qui reçoivent le supplément de revenu. Le
budget n’accorde la gratuité qu’aux 46 000 aîné-es qui reçoivent la prestation maximale du supplément de revenu garanti. C’est une très grande déception pour la coalition. Les aîné-es à faible revenu, les personnes assistées sociales, mais aussi
les travailleuses et travailleurs à faible salaire ne devraient pas avoir à payer pour l’achat d’un bien aussi indispensable que les médicaments. On les place présentement devant des choix impossibles : choisir entre les médicaments, la nourriture, le loyer et autres dépenses essentielles et s’exposer à des impacts néfastes sur leur santé et à une utilisation accrue
des services de santé.

Le problème du coût des médicaments demeure toujours très sérieux. Le Québec fait triste figure en se plaçant au premier rang des provinces les plus dépensières avec des coûts de 625 $ par personne en médicaments prescrits, loin devant la moyenne canadienne de 562 $. Si nos coûts étaient égaux à la moyenne canadienne, c’est un montant de près de plus de 470 millions que le Québec économiserait.

La coalition attend toujours l’adoption d’une politique du médicament destinée avant tout à répondre aux besoins de la population. C’est pourquoi la Coalition presse à nouveau le gouvernement d’abandonner les protections et
privilèges qu’il accorde à l’industrie pharmaceutique et d’adopter des mesures très strictes de contrôle et d’encadrement des pratiques commerciales et de mise en marché des médicaments. L’augmentation constante des dépenses en médicaments a pour effet direct de réduire les marges de manoeuvres dans les autres dépenses de santé. L’inaction gouvernementale sur cette question est inacceptable.
 

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