Extrait de l’allocution du premier ministre, M. Philippe Couillard,
Journal des débats de l’Assemblée nationale,
41e législature, 1re session
Le mardi 20 mai 2014 – Vol. 44 N° 1
«[…] M. le Président, sur un ton un peu plus personnel, je vous connais depuis mon arrivée en politique en 2003. Nous partageons, certes, cette passion dans l’engagement politique, mais certains savent également que nous partageons un amour inconditionnel, je crois, pour la pêche et la chasse. D’ailleurs, je me plais à comparer la pêche au saumon et la vie politique. Comment? D’abord, il faut choisir la bonne rivière, le bon moment, les bonnes conditions d’eau, pas trop haut, pas trop bas, pas trop chaud, pas trop froid, et, oui, vous avez raison, la bonne mouche. Alors, si on envoie la mouche sèche qui flotte sur la rivière, l’adversaire… ou, plutôt, le saumon va se manifester de façon très spectaculaire et sortir brusquement de l’eau. C’est toujours très émouvant, mais, parfois, il va manquer la mouche. Tandis que, si on y va de façon un peu plus subtile, avec la mouche qu’on qualifie de mouillée ou noyée, qui est sous l’eau, bien là il y a moins de mérite parce que le saumon se ferre tout seul. Je pense qu’il y a des leçons politiques dans ces deux façons de pêcher la mouche. Une est plus spectaculaire, mais moins sécuritaire. Il faut également respecter nos règlements, hein, vous savez très bien : pas de mouche plombée, puis on n’attrape pas le saumon par le flanc. On est d’accord là-dessus. Alors, on aura l’occasion d’en reparler.[…]»
Par cette parabole, le premier ministre Philippe Couillard venait d’expliquer simplement comment son gouvernement allait s’y prendre dans les années à venir pour mener à bien ses intentions.
Ses projets de loi, ou ses agirs politiques, auraient presque tous:
- un côté “mouche sèche, flottante”, spectaculaire afin d’attirer toute l’attention, mais qui ne toucherait qu’une partie de la population; et pendant que nous serions concentrés là-dessus,
- son aspect “mouche noyée, sous l’eau”, toucherait tout le monde parce qu’il s’attaquerait au bien commun; ce sera le plus important du projet de loi, mais il passera sous le radar, sans qu’on s’en aperçoive. Nous serons pris parce que nous nous serons ferrés tous seuls!
Cette allégorie de la pêche au saumon est importante pour analyser et bien comprendre les liens qui existent entre les différentes lois votées par ce gouvernement depuis son élection, des lois qui s’arriment les unes aux autres pour former le casse-tête de la marchandisation du système public de soins de santé et de services sociaux.