La Planète s’invite au Parlement est un collectif de citoyen.ne.s bénévoles qui s’est formé en septembre 2018 avec la volonté de mettre l’urgence climatique au coeur de la campagne électorale québécoise 2018. Plusieurs initiatives sont déployées par le groupe, notamment en solidarité avec le Front commun pour la transition énergétique dont la Coalition est membre. Celle de l’intervention en milieu de travail est fort porteuse et pour mieux l’outiller, le collectif a développé et diffusé un guide à l’intention de comités de travailleurs et de travailleuses pour la justice climatique à bâtir. On en profite ici pour mettre en exergue un argumentaire proposé par le groupe pouvant être utilisé lorsqu’on discute avec une personne climato-passive ou climatonégationniste.
Bonnes conversations, pour construire un rapport de force, une personne à la fois !
Questions d’une personne climatonégationniste
● Comment fais-tu pour connaître la température moyenne au XVe siècle? Il n’y avait pas de thermomètre à cette époque.
La glace, au nord comme au sud, est comme un livre d’histoire pour les scientifiques du climat. En effet, il faut seulement retirer un grand tube de glace d’un glacier pour l’analyser. Les différentes strates de glace diffèrent chimiquement et révèlent de l’information sur la température de chaque année. On peut compléter cette information avec les sédiments dans les lacs et les écrits de l’époque.
● Comment fais-tu pour connaître la quantité de CO2 du XVe siècle? La science n’était pas aussi avancée à cette époque.
Encore une fois, nos livres d’histoire de glace au nord et au sud nous indiquent la quantité de CO2 d’une certaine époque. Des petites bulles d’airs sont retrouvées à travers le temps dans la glace. Ainsi, la science est capable de mesurer le CO2 dans l’air à une époque donnée (Olivier 2017).
● L’eau est le plus important des GES. Pourquoi ne me parles-tu pas de cet élément?
En effet, tu n’as pas tort, l’eau est le GES le plus important dans l’atmosphère! Mais, les humains n’ont pas d’influence sur le cycle de l’eau. Cet élément reste seulement quelques jours dans l’atmosphère, par opposition à des centaines d’années pour le CO2 (Olivier, 2017).
Questions d’une personne climato-passive
● Vous allez détruire l’économie pour sauver des ours polaires?
On parlait de sauver les ours polaires il y a 40 ans. Là, c’est nous qui sommes menacés. Tu as vu les inondations, les feux de forêt et les canicules des dernières années?
● Pourquoi vous opposez-vous à GNL? Le gaz naturel est une énergie de transition!
C’est ce que les gazières cherchent à nous faire croire, sauf qu’elles calculent uniquement les GES émis lors de la combustion. Sur l’ensemble de son cycle de vie (de l’extraction à la combustion), le gaz naturel émet une quantité de méthane très importante. Le méthane étant un GES 87 fois plus puissant que le CO2 sur une période de vingt ans, on en arrive à la conclusion que le gaz naturel est à peu près aussi polluant que le charbon. Est-ce que le charbon est une énergie de transition? il faut aussi savoir que le gaz naturel qu’on produit présentement au Canada, c’est essentiellement du gaz de schiste. Il s’agit d’un gaz dont l’extraction est incroyablement polluante (en termes de GES, mais aussi de contamination des nappes phréatiques).
● C’est irréaliste, sortir du pétrole! Il faut être pragmatiques!
Ce qui est irréaliste, c’est de croire qu’on va pouvoir continuer comme ça. Les réserves s’épuisent déjà: on doit aller chercher le pétrole dans des conditions de plus en plus extrêmes, dangereuses et polluantes: forage en haute mer, sables bitumineux, gaz et pétrole de schiste… Il va falloir en sortir. Soit on le fait maintenant, et on donne une chance à nos enfants d’avoir un avenir décent, soit on attend, et on accepte de vivre avec l’idée qu’on n’aura rien fait pour eux.
● On a besoin de créer des emplois
Entièrement d’accord. La transition sera un chantier gigantesque. On parle de transformer la société. Tout le monde va devoir contribuer. Imagine ce que ça peut être de se lever le matin en sachant qu’on va aller bâtir un environnement plus sain, au lieu d’aller seulement mettre de l’argent dans les poches d’un patron!
● Il faut attendre que les pays comme la Chine et les États-Unis entament la transition. Le Canada est responsable de 1% des émissions de GES. Quand bien même on se priverait, ça ne changera rien.
Attention! Une bonne partie des émissions produites en Chine sont liées à la fabrication de produits qui sont consommés ici. C’est donc bien le mode de vie nord-américain et européen qui est directement et majoritairement responsable de la crise. N’oublie pas non plus que des mobilisations comme les nôtres ont lieu en ce moment même, partout dans le monde. Le mieux que nous pouvons faire, c’est de mener notre lutte ici, en faisant confiance à celles et ceux qui le font ailleurs.
Source : Guide d’accompagnement – TJC, 2020