Le soutien à domicile (SAD) est une partie importante, mais négligée, de notre système de santé et services sociaux. Un SAD de qualité est essentiel au Québec non seulement pour soutenir les gens qui vieillissent, mais pour garantir l’autonomie des personnes en situation de handicap et des gens avec des enjeux de santé mentale qui en ont besoin. Les services doivent être universels et entièrement publics pour garantir la qualité et la continuité des services. C’est aussi le seul moyen de réellement valoriser les travailleuses qui offrent le SAD et de ne plus se délester de notre responsabilité collective sur le dos des personnes proches aidantes.
Le Québec fait fausse route en centralisant encore plus le réseau par Santé Québec. Le SAD doit être organisé et offert localement par les CLSC, qui doivent être imputables aux gens qu’ils desservent plutôt qu’au gouvernement. Cette gestion locale doit être démocratique et elle est la seule façon de mettre fin à la reddition de comptes sans fin qui empêche les travailleuses de consacrer leur temps aux services.
L’expérience québécoise et internationale démontre que la privatisation génère des économies à court terme, mais entraîne une détérioration des conditions de travail et une baisse de la qualité des soins. Personne n’y gagne, les économies à courte vue entrainant des coûts supplémentaires un peu partout dans le réseau, voire dans toute la société.
L’externalisation vers le privé accentue la précarité des soignant·e·s, majoritairement des femmes et des personnes issues de l’immigration, réduit leur formation et nuit à la continuité des services, ce qui, à terme, alourdit la pression sur les urgences et les hospitalisations. De plus, le recours aux agences privées a déjà démontré son inefficacité économique, coûtant désormais plus cher que le réseau public. Malgré la volonté gouvernementale de limiter cette dépendance, poursuivre la privatisation reviendrait à répéter les erreurs du passé. L’IRIS propose une alternative viable en réintégrant le SAD au sein du réseau public, garantissant ainsi un système durable et de qualité.
Les organismes communautaires jouent un rôle fondamental dans nos communautés, en offrant une variété de services de proximité. Malheureusement, ces groupes sont souvent perçus comme de simples sous-traitants du réseau public, ce qui nuit à leur autonomie et à la qualité des services offerts. Le virage à domicile que nous devons prendre ne doit en aucun cas compromettre l’autonomie des organismes communautaires puisque c’est précisément de cette force dont ils tirent leur force. Il doit appartenir aux organismes communautaires, et à eux seuls, d’identifier quels services ils souhaitent développer, incluant en SAD.
Nous insistons donc sur l’importance de financer adéquatement ces organismes afin qu’ils puissent remplir leur mission et offrir des conditions de travail décentes à leurs employé·e·s. Le respect de l’autonomie des organismes passe par un financement adéquat à leur mission, et non par des ententes de services assorties de conditions. La reconnaissance de leur spécificité, de leur expertise et de leur capacité à renforcer le tissu social est essentielle pour assurer une approche globale et humaine.
Nous sommes convaincus que l’adoption du modèle proposé par l’IRIS représente une occasion unique de bâtir un système de soutien à domicile digne de la société québécoise. Plus que jamais le milieu communautaire a son rôle à jouer, mais le réseau de santé et de services sociaux doit assumer ses pleines responsabilités.
Dans ce secteur aussi, la privatisation a fait des ravages et nous coûte plus cher collectivement.
La position de la Coalition solidarité santé est claire :
- le soutien à domicile est un investissement pour un système de santé durable et viable
- toute forme de tarification est inacceptable
- les services offerts devraient tous l’être via les instances publiques, pour assurer un contrôle des coûts et un continuum au niveau des services
Nous appuyons notre position sur une étude de l’IRIS, qui démontre clairement la nécessité d’un virage majeur de l’hébergement vers le soutien à domicile (SAD) comme réponse principale aux besoins des personnes en perte d’autonomie.
Références, actualités et documentation sur le SAD
Références et documentation
Le soutien à domicile au Québec : portrait et perspectives, avec Anne Plourde (IRIS) – enregistrement d’une présentation lors d’un événement de réflexion organisé par la CSS
Actualités
Québec songe à rendre payants certains services de soutien à domicile | Le Devoir
Politique nationale en soins à domicile | Les attentes des aînés et du personnel | La Presse
Soutien à domicile : Québec vise une politique nationale d’ici un an | Radio-Canada
Position des membres
FSSS-CSN | Réussir le virage du soutien à domicile au Québec • FSSS-CSN
SQDI et FQA – Mémoire La politique nationale sur les soins et les services de soutien à domicile
Soutien à domicile : l’AREQ propose cinq actions clés – Centrale des syndicats du Québec (CSQ)