À la veille de la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), l’Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les Services Sociaux (ACCÉSSS) et la Coalition Solidarité Santé ont uni leurs voix en conférence de presse aujourd’hui pour exiger du gouvernement québécois l’abolition de la politique du « délai de carence ». En vigueur depuis 2001, cette politique prive les personnes immigrantes de l’accès aux soins de santé pendant une période de trois mois.
Pour les trois organismes, cette politique nuit à la santé et à l’intégration des nouveaux arrivants. « Il s’agit d’une mesure dévastatrice pour plusieurs immigrants qui arrivent au Québec pleins de bonne volonté. En quelques jours, ces personnes peuvent voir leur processus d’intégration gravement compromis par une dette écrasante » selon Stephan Reichhold, directeur de la TCRI.
Jérôme Di Giovanni, directeur d’ACCÉSSS, a dénoncé le caractère discriminatoire de cette politique, soulignant que les personnes immigrantes sont tenues de payer des impôts mais n’ont pas accès à un des programmes sociaux les plus importants. Selon Jennifer Auchinleck, porte-parole de la Coalition Solidarité Santé, le «délai de carence» à la RAMQ représente une brèche importante à l’égard de l’accessibilité universelle des soins de santé pour l’ensemble des Québécoises et Québécois.
Les organismes ont souligné que la vaste majorité des personnes immigrantes sont en excellente santé, ayant dû subir un examen médical avant d’être accepté, et n’ont pas besoin de traitements majeurs. Cependant, pour ceux et celles qui ont la malchance d’avoir un accident ou une maladie pendant cette période de trois mois, l’impact est extrêmement grave.
Deux familles ont témoigné pour illustrer l’impact. « Tout a basculé pour nous le 3 juillet 2003 lorsque ma fille s’est retrouvée aux urgences avec une crise d’appendicite aiguë », a déclaré Hassan Alaoui « Ma vie a été ruinée avec cet événement qui nous a frappé de manière imprévisible ». En ce qui concerne Jean Severino, elle se demande si elle aurait dû attendre trois mois pour sa carte d’assurance-maladie, en laissant souffrir et possiblement mourir son fils de 19 ans atteint d’une insuffisance rénale ? Entre temps tous deux se retrouvent respectivement avec une dette de 18 000 dollars de frais médicaux.
La raison invoquée par le gouvernement de l’époque de l’instauration de cette mesure était de réduire l’utilisation « abusive » du système de santé par des personnes qui viendraient temporairement au Québec pour bénéficier de soins gratuits. Or, aucune statistique n’a jamais été présentée pour appuyer cet argument.
Les trois organismes revendiquent l’abolition du « délai de carence » à la RAMQ pour les personnes immigrantes, l’annulation complète des dettes accumulées et le remboursement des sommes payées par des immigrants à cause de cette politique.
Pour information: Stephan Reichhold (TCRI) au (514)791-2455
À travers le Québec la TCRI regroupe 135 organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes. ACCÉSSS regroupe plus de 80 organismes de communautés ethnoculturelles et la Coalition Solidarité Santé regroupe plus de 50 organismes communautaires et syndicaux.
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