Pour la Coalition Solidarité Santé, la priorité était et demeure le règlement des listes d’attente à l’intérieur du système public et de façon durable. C’est pourquoi plusieurs éléments de la proposition ministérielle soulèvent des inquiétudes majeures, précisent les porte-parole de l’organisation de défense du droit à la santé au Québec.
Comment le ministre peut-il affirmer d’entrée de jeu vouloir défendre le système public et du même souffle permettre l’accès aux assurances privées et aux chirurgies réalisées dans des cliniques privées à but lucratif ?
Un rejet de la pratique mixte bien reçu
La Coalition salue la décision du ministre de ne pas outrepasser le jugement en ouvrant la porte à la pratique médicale mixte, c’est-à-dire privée et publique.
L’ouverture aux assurances privées
Pour la Coalition, l’ouverture aux assurances privées pour lesquelles des garanties d’accès ont été fixées ne représente pas une solution réelle. La Coalition s’inquiète du fait que seules la cardiologie et l’oncologie soient soustraites réellement aux assurances privées puisque la liste pourra éventuellement s’élargir et englober presque toutes les autres chirurgies, et ce par voie réglementaire.
De surcroît, cette avenue n’est pas une solution pour les personnes actuellement en attente qui ne réussiront jamais à contracter une assurance parce que le risque qu’elles représentent sera évalué comme démesuré par les compagnies d’assurance.
Les délais d’attente
Par ailleurs, quelles indications avons-nous que le gouvernement réinvestira maintenant pour éviter de référer à ces cliniques à court, moyen ou long terme.
Quelle coordination sera faite des listes d’attente ? Qui aura la responsabilité de gérer ces listes ?
Les cliniques spécialisées affiliées : on aurait pu faire le choix du public
Le ministre Couillard a opté pour des cliniques médicales affiliées privées. Rien ne justifie un tel choix. Si les tarifs payés au privé sont les mêmes que ceux du public, pourquoi ne pas simplement réinvestir dans le public, seule véritable garantie d’un accès universel et équitable pour tous. Dans son bilan, le ministre reconnaît lui-même avoir réussi dans le cadre public à résorber plusieurs listes d’attente. Pourquoi donc ne pas se tourner résolument vers cette solution?
À Montréal, en Ontario et en Alberta, des cliniques spécialisées publiques ont été créées et elles ont répondu à toutes les attentes qui avaient présidé à leur création. Force est donc de constater que cette proposition gouvernementale n’est pas une décision pratique mais plus simplement une décision idéologique.
N’est-on pas en train de répéter la malheureuse expérience de l’assurance médicaments où la partie rentable a été laissée au privé tandis que le public se retrouvait avec tous les risques ?
La Coalition souligne que cette recommandation ne représente en rien une solution pour tous les citoyens qui habitent hors Montréal puisqu’il est de notoriété publique que ces cliniques privées– pour s’assurer de leur rentabilité – s’installent généralement dans les zones à forte densité de population. Cette proposition ne représente donc pas une solution pour les gens des régions déjà aux prises avec des problèmes d’accès aux services médicaux.
Ce choix pose également certaines questions au chapitre de la transparence. Comment nous assurerons-nous de la transparence des contrats entre les établissements privés et le gouvernement ? Comment nous assurerons-nous que les médecins qui réfèrent des patients à ces centres n’en sont pas des actionnaires qui ont tout intérêt à stimuler les affaires.
Deux olives vertes dans le gâteau au chocolat
La Coalition se questionne sérieusement sur la volonté gouvernementale d’introduire à ce moment-ci le débat sur la création d’une caisse santé et la création d’une caisse autonomie. Les courts délais qui nous sont impartis équivalent à imposer le bâillon sur des enjeux majeurs. Le rapport Morneau sur la caisse-vieillesse date de 1996 et le rapport Clair sur la caisse-santé date de 2000. Quelle est l’urgence de trancher ces questions dans les quatre prochains mois ?
Ces questions soulèvent des enjeux sociaux importants et rien ne justifie dans l’arrêt Chaoulli que nous débattions ces questions avant le 9 juin prochain. La Coalition exhorte donc le ministre Couillard à reporter ces débats à une date ultérieure.
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