Un important regroupement d’organisations syndicales et communautaires toutes membres de la Coalition Solidarité Santé, dénonce la contre-réforme Couillard-Charest en santé et services sociaux, qui a cours depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral en 2003. Avec l’adoption probable du projet de loi 33, cette contre-réforme connaîtra une soudaine accélération. Pour le regroupement, le gouvernement Charest ramène le système de santé québécois 30 ans en arrière.
Avec le projet de loi 33 à la veille d’être adopté, un important dérapage est à craindre. Ouvrant la porte aux assureurs privés pour obtenir des soins chirurgicaux privés comme c’était le cas avant la venue de l’assurance-maladie du Québec en 1970, les médecins entrepreneurs privés pourront compter sur l’aide de fonds gouvernementaux pour se développer aux dépens des services publics. S’il est adopté, le projet de loi 33 permettra par contrat ou entente de référer des patients pour se faire opérer dans des cliniques privées. Lesquelles seront remboursées par les fonds publics.
Si pour l’heure, le recours au secteur privé ne serait autorisé qu’à un certain nombre de chirurgies, rien n’empêchera le ministre d’étendre cette permission par la suite. En procédant ainsi, discrètement et par étape, en rassurant faussement la population, le gouvernement poursuit son entreprise de démantèlement des services sociaux et de santé ouvrant de nombreuses brèches favorisant la privatisation des services jusqu’à maintenant gratuits.
Il faut rappeler, en effet, que le projet de loi 33 fait suite aux autres pièces adoptées par le gouvernement Charest depuis trois ans, en dépit de l’opposition de plusieurs organismes et experts et en imposant le bâillon. En effet en 2003, le ministre Couillard a procédé ainsi à l’adoption du projet de loi 25 qui fusionnait les établissements de santé d’un territoire, du projet de loi 30 qui limitait le droit de négocier des travailleuses et travailleurs au palier national et au projet de loi 31 qui favorisait la sous-traitance.
La fusion des établissement de santé et de services sociaux créant les nouveaux Centres de santé et des services sociaux (CSSS) a transformé l’organisation du travail et la prestation des services dans les régions et les quartiers. De plus en plus, les services à domicile, de même que l’hébergement des personnes en perte d’autonomie sont donnés en sous-traitance ou à contrat au privé. Cette privatisation comporte de graves dangers pour la qualité et l’accessibilité des services et elle ouvre la porte à l’imposition de frais aux usagers.
Les projets de réorganisation et de privatisation du gouvernement sont une menace à l’universalité des soins de santé. Depuis plus de trente ans maintenant, le système de santé et de services sociaux québécois repose sur l’égalité de tous les citoyens d’obtenir des soins indépendamment de leur statut et de leur revenu. Avec l’adoption d’une série de lois sous le bâillon qui favorisent le secteur privé, le gouvernement a mis en place une nouvelle configuration des soins de santé qui rompt avec les principes d’universalité, d’accessibilité et d’égalité.
La mise en place de cette contre-réforme Couillard-Charest démontre la volonté de ce gouvernement de saccager les services publics. Déjà, on observe des coupures de services, une diminution des services de prévention, des reculs importants de la participation démocratique, une démobilisation du personnel, des pertes d’efficacité et des démissions de gestionnaires. La Coalition Solidarité Santé a d’ailleurs en main une compilation d’exemples de ratés, un «dossier noir» en quelque sorte, illustrant les impacts de cette façon de faire sur les services et la population.
Pour les organisations syndicales et communautaires, cette contre-réforme est aux antipodes des vraies solutions. Ces organisations refusent totalement l’ouverture plus grande faite au secteur privé, et réitèrent leur demande de retirer le projet de loi 33. Pour la Coalition Solidarité Santé et ses organisations membres, le système public de soins de santé et de services sociaux demeure la façon la plus efficace et la plus équitable de fournir des services accessibles et universels à la population québécoise.
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