C’est avec déception mais sans surprise que la Coalition Solidarité Santé accueille les principales orientations gouvernementales annoncées par la ministre de la Santé et des Services sociaux dans la foulée du dépôt du rapport de la Commission Clair, le mois dernier.
Les Groupes de médecine familiale
Si la Coalition partage la volonté ministérielle de délaisser la médecine fast-food pour revenir à une médecine plus familiale, elle doute toutefois que la proposition de Groupes de médecine familiale endossée par la ministre puisse nous permettre collectivement d’atteindre ce but.
D’une part, le projet de médecine familiale est confié à des entreprises privées dont les objectifs de rentabilité l’emporteront sur les objectifs de santé. La tentation des médecins qui recevront un pré-paiement, de sélectionner les citoyennes et les citoyens les moins à risque sera grande. Déjà, on observe que les cliniques médicales font sérieusement défaut dans certains quartiers défavorisés de Montréal et dans certaines régions du Québec.
D’autre part, la Coalition s’explique mal comment il sera efficace et efficient de développer entre 350 et 550 groupes de médecine familiale, de les réseauter, de leur fournir du personnel professionnel au lieu d’utiliser pleinement le réseau des 143 CLSC qui existent déjà et qui ont déjà été financés par les fonds publics. N’aurait-il pas été plus simple d’adopter des mesures pour forcer les médecins à être dans les CLSC plutôt que de créer des mini-CLSC à côté des CLSC et sans approche globale, questionne la Coalition.
La Coalition doute que les médecins soient réellement accessibles 24 heures par jour et sept jours par semaine. Plusieurs médecins ont déjà précisé l’impossibilité de donner suite à cette dimension de la recommandation de la Commission Clair.
En donnant son aval à cette proposition, la ministre Marois démontre qu’une fois de plus, le gouvernement n’a pas le courage de s’attaquer de front au problème de répartition des médecins généralistes et qu’il se réfugie toujours derrière des mesures incitatives qui ont fait la preuve de leur inefficacité au cours des 15 dernières années. Déjà, note la Coalition, la facture des services médicaux a connu une hausse de 437 M$ l’an dernier.
Pour la Coalition, il aurait fallu faire preuve de la même fermeté face aux généralistes que face aux spécialistes auxquels on fermera la région dès que les plans d’effectifs auront été atteints. Le seul baume que nous propose la ministre Marois est l’obligation qui sera faite aux médecins généralistes de s’acquitter des tâches prioritaires.
La caisse vieillesse
La ministre Marois entend, au cours des six prochains mois, analyser sérieusement la proposition Clair d’une caisse vieillesse. Pourquoi étudier la création d’une telle caisse, alors qu’il aurait été plus simple que le gouvernement consacre une partie de ses surplus pour créer des réserves en vue du vieillissement de la population et de la catastrophe faussement appréhendée. Le véritable projet est-il d’offrir une gamme de services complète aux personnes en perte d’autonomie ou de trouver le moyen de créer une nouvelle taxe tout en ayant l’air de se préoccuper d’avenir ?
La carte à puce et le dossier patient
La Coalition s’inquiète de l’annonce de la ministre de la Santé et des Services sociaux d’opter pour la carte à puce et le dossier-patient sans plus de débat public. Bien sûr, les citoyennes et les citoyens devront consentir à ce qu’un médecin ait accès à leur dossier, mais quelle garantie avons-nous que cela ne sera pas instauré comme une simple formalité administrative plutôt que comme un consentement véritablement éclairé ?
Des silences inquiétants
La Coalition aurait souhaité que la ministre Marois annonce clairement les intentions de son gouvernement en ce qui concerne l’arrivée d’un éventuel impôt-service, le débat sur la gamme de services couverts par la carte d’assurance-maladie, les limites-repère, le sort des personnes âgées hébergées dans les centres de soins de longue durée et la préservation des espaces démocratiques.
Les fonds fédéraux
La Coalition Solidarité Santé est tout à fait convaincue qu’il est nécessaire qu’Ottawa réinjecte des fonds dans le financement du système de santé et de services sociaux et qu’il assume, comme promis, 50 % de la facture totale. Toutefois, elle met en garde la ministre de la Santé et des Services de défier la Loi canadienne de la santé. Si tel était le cas, elle perdrait nombre de ses appuis, dont celui de la Coalition, dans cette démarche.
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