Une délégation de la Coalition Solidarité Santé a remis le Prix-V au bureau de comté du ministre fédéral du Commerce et des affaires étrangères, Monsieur Pierre Pettigrew, ce matin afin de souligner la menace que pose la ZLÉA pour notre système de santé et de services sociaux public, accessible, universel et gratuit. «Malgré tous les engagements du gouvernement canadien à l’effet que la santé sera exclue du traité de libre-échange, nous sommes sceptiques. Il nous semble plutôt que la ZLÉA fera en sorte que le «droit au profit» des investisseurs aura préséance sur le droit à la santé des populations comme ce fut le cas avec Ethyl Corporation». affirme Marie Pelchat, porte-parole de la Coalition Solidarité Santé.
La Coalition souligne que ce que nous savons déjà de la ZLÉA est loin de nous rassurer. L’inclusion d’une clause de négociation continuelle enlève toute garantie de protéger à long terme le système public de santé. Les mandats d’au moins trois groupes de négociation peuvent avoir des effets dévastateurs sur l’accessibilité, l’universalité et la gratuité des services de santé au Québec mais c’est le mandat du Groupe sur les services qui inquiète le plus. Le mandat de ce groupe est, en effet, de promouvoir la libéralisation progressive du commerce de tous les secteurs de services y compris, les services de santé.
Les craintes de la population québécoise ne sont pas sans fondement. Il faut se rappeler que c’est moins d’un an après la signature de l’Accord de libre-échange de l’Amérique du Nord (ALÉNA) que le gouvernement fédéral a «modernisé» le Régime d’assistance publique du Canada et réduit du tiers ses transferts aux provinces pour le financement de la santé.
M. Pettigrew sait mieux que quiconque que la ZLÉA pousse plus loin la logique marchande de l’ALÉNA. Dans ce contexte, ce n’est peut-être pas une coïncidence si, moins de deux semaines avant le Sommet des Amériques, le gouvernement fédéral annonce son intention de «moderniser» la Loi canadienne de la santé – notre meilleur rempart pour la protection de la population – tout en affirmant que «tout est sur la table». Le gouvernement de M. Pettigrew met-il tout en place pour donner raison au président de Columbia, la plus grande société hospitalière américaine, qui affirmait que «la santé est un commerce comme les autres, ne différant en rien de l’industrie du transport aérien ou des roulements à billes» ?
Cette perception marchande du système de santé expliquerait bien pourquoi le gouvernement canadien n’a jamais sanctionné l’Alberta qui a permis l’ouverture d’hôpitaux privés et l’Ontario qui a permis au privé d’offrir des traitements en radio-oncologie même si dans ces deux cas, les provinces contreviennent à l’esprit et à la lettre de la Loi canadienne de la santé.
Pour la Coalition Solidarité Santé «la population québécoise a tout à perdre et rien à gagner avec la signature de cet accord de libre-échange qui postule a priori que l’intervention étatique est néfaste et que le monde n’est rien de plus qu’un vaste marché».
Le Prix-V est un trophée remis à des personnes ou des organisations pour leur contribution à la marchandisation de nos soins de santé et des services sociaux. Rappelons que le premier Prix-V a été remis à M. Michel Clair, président de la Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux, au mois de février. Le deuxième récipiendaire a été la clinique privée Médiclub, située à Outremont. La Coalition sur l’assurance-médicaments a également remis le Prix-V, la semaine dernière, à Claude Montmarquette, l’économiste nommé à la présidence du comité d’étude sur l’assurance-médicaments.
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