Madame la première ministre,
Membres de l’Assemblée nationale,
Bonjour,
Il y a moins de trois mois, le Québec élisait le Parti québécois pour diriger un nouveau gouvernement. L’un des engagements ayant le plus contribué à le faire élire était l’abolition de la taxe santé.
Dans les jours suivant la formation du Conseil des ministres, le nouveau ministre des finances Nicolas Marceau annonçait qu’il abolirait la taxe santé et qu’il la remplacerait par 2 paliers supplémentaires d’imposition pour les revenus de plus de 130 000$ et de plus de 250 000$, et par une augmentation de l’imposition des gains en capital et des revenus de dividendes, accompagnés d’une rétroaction pour 2012.
S’en est suivi un tollé dans les médias qu’on n’avait jamais vu auparavant, où les plus riches revenus et les grandes entreprises se sont mis à crier à l’injustice, à l’inéquité, et à menacer de déménager. Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce de Montréal a même déclaré qu’imposer les plus nantis, « ça risquait de les appauvrir!… »
Le chef de la CAQ, François Legault, s’est indigné des hausses d’impôts proposées, plaidant pour des coupures de budgets, pendant que le chef intérimaire du Parti libéral s’inquiétait de « l’anxiété fiscale » des plus riches.
C’est alors que Monsieur Marceau nous a surpris en reculant et en annonçant qu’il n’avait pas le choix : son gouvernement étant minoritaire, il se voyait obligé de maintenir l’odieuse taxe santé, mais qu’il allait la moduler.
Or, Madame la première ministre, votre gouvernement n’a pas été élu pour « moduler la taxe santé », mais pour l’abolir! Non seulement en pleine campagne électorale, votre engagement d’abolition de la taxe santé a-t-il été ferme, mais un sondage CROP/l’Actualité du printemps dernier révélait que 70% des québécois se disaient favorables à l’abolition de cette taxe santé et son remplacement par un relèvement des impôts pour les revenus de plus de 130 000$. Par conséquent, même minoritaire, votre gouvernement est légitimé de le faire.
Et aujourd’hui, nous voulons vous le rappeler!
Mais, madame la première ministre, il n’y a pas que vous et votre gouvernement que nous interpellons ici. Nous souhaitons aussi rappeler un certain nombre de choses à l’opposition.
D’abord à Québec solidaire : dès le soir de votre élection, vous vous êtes engagés à appuyer le gouvernement dans ses propositions qui amélioreraient la vie de la majorité de la population. L’abolition de la taxe santé en faisant partie, nous nous attendons donc à ce que vous l’appuyiez.
Ensuite à la Coalition Avenir Québec : nous voulons d’abord vous rappeler que l’abolition de la taxe santé faisait et fait toujours partie de votre programme. Ensuite, on veut aussi que votre chef, monsieur François Legault, se souvienne qu’à la mi-août, il avait déclaré que les plus nantis devraient eux aussi mettre l’épaule à la roue, et qu’un gouvernement de la CAQ allait élever la taxation des gains en capital de 50 à 75 %, et imposer plus les revenus de dividendes … exactement ce que le gouvernement voulait faire dans sa première proposition. Par conséquent, nous demandons à Monsieur Legault et à sa formation d’être conséquents et d’assumer leurs déclarations!
Enfin, au Parti libéral : bien que vous soyez les auteurs de cette taxe odieuse, nous voulons vous rappeler que vous n’avez pas été élus seulement par le 2% de la population dont le revenus dépasse 150 000$ annuellement, mais par 31% de l’électorat. Par conséquent, nous vous demandons de défendre d’abord la grande majorité d’entre eux qui fait moins de 130 000$ par année, et qui pourrait souffler un peu grâce à l’abolition de la taxe santé.
Enfin, à vous toutes et tous nous représentant à l’Assemblée nationale, nous vous rappelons que la population qui vous a élus sait que le gouvernement peut abolir la taxe santé, et qu’il peut le faire maintenant. Ce gouvernement sera jugé sur ses actes, mais l’opposition aussi sera jugée sur ses actes si elle empêche le gouvernement de remplir ses engagements.
Et l’électorat vous regarde toutes et tous en ayant en tête que des promesses, ça se tient!…
Recevez, Madame la première ministre, mesdames, messieurs les députés, nos meilleurs salutations.
Jacques Benoit
Coordonnateur de la Coalition solidarité santé
(Liste des membres de la Coalition annexée)
(Voir la réponse du bureau de la première ministre ci-dessous.)