Lettre ouverte – Communiqué : Une assurance médicaments à l’américaine, non merci!

Avec les menaces récurrentes de tarifs douaniers, tout le Québec est en mode urgence. Cet électrochoc a mis en évidence le fait que les États-Unis ne sont plus un partenaire fiable et qu’il faut s’attarder en premier lieu à la résilience de l’économie et à la sécurité de la population. Parmi les produits qui pourraient être touchés par les tarifs se trouvent les médicaments, lesquels sont essentiels pour garantir le droit à la santé. Cette augmentation potentielle des prix risque de mettre encore plus de pression sur le régime d’assurance médicaments, dont les coûts sont déjà excessifs, en raison de son caractère hybride. Avec les menaces d’annexion du président Trump, la population est de plus en plus consciente qu’elle ne souhaite pas faire partie d’un pays qui tolère la mort de personnes trop pauvres pour se payer des médicaments.

Cela fait des années que nos organisations tentent de convaincre les gouvernements que cette caractéristique du régime québécois, avec une composante publique et une autre privée, ne fonctionne pas. Celui-ci ressemble beaucoup plus au système américain, avec une très grande implication du secteur privé, qu’au régime public d’assurance maladie québécois. Les prix des médicaments au Québec sont parmi les plus élevés au monde, ce qui est également le cas des dépenses en médicaments par habitant. À peu près tous les pays de l’OCDE font mieux, c’est peu dire! Et malgré cela, environ une personne sur dix continue de se priver de médicaments d’ordonnance, faute de moyens. Pour les ménages moins nantis, cette proportion est encore plus grande. Alors qu’on demande à Santé Québec d’effectuer des compressions au potentiel destructeur, le gouvernement pourrait économiser jusqu’à 4 milliards de dollars par année en mettant sur pied un régime public et universel d’assurance médicaments. 

Dans les réflexions sur l’avenir économique du Québec et du Canada, nous croyons essentiel d’inclure l’assurance médicaments. D’abord, les gouvernements à Québec et à Ottawa doivent mettre de côté les chicanes de clôture et collaborer pour instaurer un régime public et universel d’assurance médicaments. Bien que compréhensible, ce débat sur les champs de compétence n’offre aucun réconfort à ceux et celles qui peinent à joindre les deux bouts. Ensuite, le gouvernement fédéral doit viser une réduction massive du prix des médicaments brevetés. Cela passe notamment par une révision sur la manière d’en déterminer le prix, mais aussi par une réflexion de fond sur la protection accordée aux brevets, lesquels ont pour principal objectif de garantir un maximum de profits aux dépens de la population. Puis, les gouvernements doivent développer de nouveaux outils pour raffermir leur rapport de force face aux entreprises pharmaceutiques, en particulier celles des États-Unis. Même, il faut affranchir le pays de sa dépendance envers les approvisionnements en médicaments de l’extérieur. La politique de prix élevés pour attirer les investissements est un échec depuis plusieurs décennies. Il apparaît nécessaire de repenser les façons de faire et d’améliorer rapidement les capacités manufacturières dans ce secteur stratégique. S’il le faut, pourquoi ne pas opter pour une société d’État qui pourrait non seulement garantir une sécurité des approvisionnements, mais qui pourrait aussi servir de levier dans les négociations avec les entreprises pharmaceutiques? 

-30-

Retour en haut