La Coalition Solidarité Santé est convaincue que l’Institut économique de Montréal est un organisme qui a ses entrées directes auprès du gouvernement du Parti libéral du Québec et qui influence le développement de ses politiques. La Coalition trouve tout aussi inacceptable que l’institut se soit donné une couverture d’oeuvre charitable et ne soit pas officiellement enregistré au Québec comme un organisme de lobby.
La Coalition Solidarité Santé a découvert que malgré ses publications paléonto-conservatrices en faveur de l’affaiblissement de l’ensemble des mesures de protection sociales – publications qui n’ont rien de «charitables» – et son activité politique intense, l’IEDM s’est vu octroyer par Revenu Canada un numéro d’œuvre de charité, qui permet à des donateurs «inconnus» d’obtenir des dégrèvements d’impôts.
Selon Marie Pelchat, porte-parole de la Coalition, « cette situation est particulièrement odieuse. Comme citoyens, on nous demande d’accepter que des fortunés obtiennent des réductions d’impôts pour faire la promotion de leurs intérêts particuliers au détriment du bien commun et de l’intérêt collectif. Il y a de nombreux exemples de groupes sans but lucratif qui font de la défense de droits et de la promotion de l’action solidaire qui n’arrivent pas à être reconnus comme «organisme de bienfaisance» par le gouvernement canadien. En clair, la Coalition affirme que l’IDEM est un lobby puissant, dont il est outrageux de prétendre qu’il est un organisme de charité. Il est plus que temps de dénoncer publiquement cette mascarade », ajoute-t-elle.
Une influence directe sur le Parti libéral
Plusieurs informations contenues dans un dossier constitué par la Coalition montrent l’influence et la pénétration de l’institut dans les hautes sphères du gouvernement Charest : – des membres du comité de direction de l’IEDM contribuent à la caisse électorale du Parti libéral, – l’économiste de l’IEDM a participé au Conseil général du PLQ en 2002, – l’Institut est un des quatre groupes soi-disant « indépendants » qui ont validé le Cadre financier du PLQ, – M. Charest y a déjà donné une conférence de même que l’actuel ministre des Finances du Québec, – la page d’accueil du site de l’IEDM s’ouvre avec les éloges du Premier ministre du Québec, – le directeur de l’Institut faisait pour sa part, l’apologie du programme libéral lors de la dernière campagne électorale, – M. Kelly-Gagnon, directeur exécutif de l’IEDM, a reconnu publiquement avoir des rencontres régulières avec les dirigeants du PLQ.
« Cette liste n’est certes pas exhaustive, mais il nous faut y ajouter que M. Yves Séguin, le ministre des Finances du gouvernement Charest, a été membre du comité de direction de l’Institut économique de Montréal. La Coalition note que cet épisode de la carrière de M. Séguin est escamoté dans sa biographie officielle, disponible sur le site de son ministère », mentionne la porte-parole de la coalition.
« L’Institut économique de Montréal est-il la véritable influence occulte derrière du plan de réingénerie du gouvernement du Parti libéral du Québec? La similitude entre les écrits de l’institut et le tournant politique annoncé sous le thème de la «réinvention du Québec» saute aux yeux », de dire Marie Pelchat.
L’Institut économique de Montréal et le système québécois de santé et des services sociaux
La Coalition s’est préoccupée de l’Institut économique de Montréal parce que la santé est un des thèmes de prédilection de ce think tank de droite, souligne Marie Pelchat. Les visées mercantiles en santé de l’IEDM sont publiques depuis novembre 2000. En effet, dans un texte publié alors, l’IEDM se demandait : «Comment ouvrir en douceur, un système de santé, monopole d’État, à la concurrence du marché». En avril 2002, la solution est toute trouvée : les partenariats public-privé… «même si le bonheur est dans la privatisation». Depuis 2000, l’IEDM a multiplié les publications et les interventions publiques rétrogrades sur le sujet. L’enjeu financier est de taille et on ne peut le sous-estimer puisque l’enveloppe des services sociaux et de santé est actuellement de 19 milliards $, une somme qui, actuellement, ne leur profite que très peu.
Curieusement, le Parti libéral du Québec, qui penche plus dans la tradition conservatrice que libérale depuis l’arrivée de M. Charest, ne cache plus ses intentions de déréglementer; de privatiser certains services sociaux et de santé; d’opter pour les partenariats privé-public; de se départir des services dits non professionnels; de se servir des entreprises privées, des municipalités et des organismes communautaires pour réussir sa réingénerie en santé. La coïncidence, s’il y a bel et bien coïncidence, est troublante, conclut la porte-parole de la Coalition.
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