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Lettre ouverte

Frappés par la pandémie de COVID-19, des pans entiers de l’activité économique sont à l’arrêt soudain et presque total. Pertes de revenus, endettement, faillites d’entreprises appréhendées: l’effondrement rappelle les pires semaines du krach de 1929. Ainsi, le premier ministre François Legault annonçait récemment que son gouvernement réoriente ses priorités afin de préparer la relance de l’économie suivant la crise sanitaire. Au palier fédéral, où les dépenses liées à la pandémie se comptent en centaines de milliards de dollars, le gouvernement de Justin Trudeau devra se livrer au même exercice.

Mais de quelle relance parle-t-on? Là est la question.

La situation «normale» pré-pandémie était une crise climatique, sociale et écologique en développement, annonciatrice à court terme d’une crise économique et humanitaire sans précédent.

Les racines de cette situation sont bien connues: l’exploitation débridée des ressources de la planète et des populations moins nanties, la surconsommation effrénée.

Une relance qui viserait un simple retour à cette situation «normale» n’est pas envisageable car elle ne ferait qu’aggraver les crises déjà en cours. Aussi, nous joignons nos voix à toutes celles qui se lèvent pour réclamer que les efforts de relance s’inspirent des projets de transition dans leurs diverses incarnations, notamment la Feuille de route vers un Québec ZéN du Front commun pour la transition énergétique, les 101 idées pour le climat du Pacte pour la transition et les Chantiers de la Déclaration d’urgence climatique, afin de créer une richesse durable: notre résilience collective, qui ne peut fleurir que dans un environnement physique, économique et social sain.

Pour créer de la résilience, les fonds de la relance doivent servir à accélérer une transition juste vers une économie carboneutre, affranchie des énergies fossiles, soucieuse du vivant et réparatrice des dommages déjà infligés à la nature, solidaire, respectueuse des droits humains et du droit à l’autodétermination des peuples autochtones, capable de répondre aux besoins de base de la population sans dépendre des humeurs des marchés financiers mondialisés. Ils doivent soutenir les travailleurs et travailleuses qui en ont besoin dans tous les secteurs, mais non les activités qui accélèrent le réchauffement climatique et la perte de biodiversité comme l’extraction et le transport de pétrole et de gaz, l’aviation ou la construction d’autoroutes.

Dans cette optique, nous proposons que Québec et Ottawa ciblent les chantiers suivants comme tremplins pour amorcer les transformations profondes qui s’imposent tout en relançant l’activité économique et l’emploi après la pandémie:

  1. Mise en place de critères d’écoconditionnalité et de justice sociale pour toutes les mesures de relance
  2. Restauration des milieux naturels et protection de la biodiversité
  3. Transition juste pour les travailleurs, les travailleuses et les communautés touchés par la migration de l’économie vers les secteurs faibles en carbone
  4. Renforcement des services publics, notamment en petite enfance, en éducation et en santé, ainsi que des programmes sociaux et du secteur communautaire
  5. Priorisation des initiatives d’économie sociale, solidaire et de proximité
  6. Programmes d’efficacité énergétique et infrastructures de production électrique sans énergies fossiles et sans nucléaire partout au Canada
  7. Accélération du déploiement des infrastructures de transport actif, collectif et partagé
  8. Chantier de souveraineté alimentaire, d’écologisation de la production agricole et de régénération des sols
  9. Rénovation écoénergétique des bâtiments et conversion aux énergies renouvelables des systèmes de production de chaleur au mazout ou au gaz
  10. Relocalisation industrielle et diversification manufacturière conjuguées à la décarbonation de l’industrie et à la réduction à la source des déchets par l’écoconception, les processus circulaires et les procédés zéro émission
  11. Soutien au remplacement des produits, contenants et emballages à usage unique par des solutions axées sur le réutilisable et la consigne
  12. Soutien à la culture
  13. Infrastructures de tourisme local écologique
  14. Éducation à l’écocitoyenneté

L’urgence d’agir ne nous dispense pas de planifier le rebond après-pandémie avec clairvoyance. Ne ratons pas ce rendez-vous avec l’histoire: l’avenir des générations montantes et futures en dépend.

Signataires:

  1. Eric Pineault, professeur, Institut des sciences de l’environnement, UQAM
  2. Diego Creimer, Fondation David Suzuki
  3. Carole Dupuis, Mouvement écocitoyen UNEplanète
  4. Marjolaine Mercier Dt.P., APSAV.org
  5. Alexandre Warnet, Laval en transition
  6. Claude Vaillancourt, ATTAC-Québec
  7. Louise Morand et Mireille Asselin, architecte, L’Assomption en transition
  8. Jean-François Boisvert, Coalition climat Montréal
  9. Benoit St-Hilaire, Prospérité sans Pétrole, Rimouski
  10. Jonathan Théorêt, GRAME
  11. Maude Prud’homme, Réseau québécois des groupes écologistes
  12. Frédérique Hamel, Transition Capitale nationale
  13. Joseph EL-Khoury, Demain Sud-Ouest
  14. Laure Waridel, Le Pacte pour la transition
  15. André-Yanne Parent, Le Projet de la réalité climatique Canada
  16. Caroline Toupin, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
  17. Emmanuel Cosgrove, Écohabitation
  18. Denise Laprise, Montmagny en transition
  19. Haroun Bouazzi, militant pour les droits de la Personne
  20. Éric Ferland, Foire ÉCOSPHÈRE
  21. Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ)
  22. Pascal Bergeron, Environnement Vert Plus
  23. Alice-Anne Simard, Nature Québec
  24. Catherine Gauthier, ENvironnement JEUnesse (ENJEU)
  25. Valérie Gilker Létourneau, L’R des centres de femmes du Québec
  26. Denis Bourque, professeur, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais (UQO)
  27. Marie-Josée Renaud, Union paysanne
  28. Anne Dionne, deuxième vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  29. Christian Daigle, président général, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
  30. Patrick Provost et Thierry Lefèvre, co-coordonnateurs du regroupement Des Universitaires
  31. France Levert, Groupe Écosphère
  32. Anouk Nadeau-Farley, Coalition Fjord
  33. Michel Lambert, Alternatives
  34. Anne Rufiange, Extinction Rebellion Ville de Québec (XRVQ)
  35. Guy Boudreau, Comité vigilance hydrocarbures de Lavaltrie
  36. Sylvie Berthiaume, Solidarité environnement Sutton
  37. René Lachapelle, Groupe d’économie solidaire du Québec
  38. Normand Beaudet Centre de ressources sur la non-violence
  39. André Bélisle, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
  40. Catherine Lussier, Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  41. Anne Plourde, Coalition solidarité santé
  42. Joyce Renaud, Mobilisation climat Trois-Rivières
  43. Patrick Bonin, Greenpeace Canada
  44. Monique Hains, Ciel et Terre
  45. Hélène Crevier, Alerte Pétrole Rive-Sud
  46. Réal Lalande, Action Climat Outaouais (ACO)
  47. Olivier RIffon, professeur en éco-conseil, Université du Québec à Chicoutimi
  48. Paul Cassavant, TerraVie
  49. Lena Zotova, La planète s’invite en santé
  50. Nicholas Ouellet, Gazoduq, parlons-en!
  51. Margie Mendell. Institut Karl Polanyi. Université Concordia
  52. Mélanie Busby, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville
  53. Lucie Massé, Action Environnement Basses-Laurentides
  54. Vania Wright-Larin, Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches
  55. Bertrand Fouss, Solon
  56. Elisabeth Gibeau, Union des consommateurs
  57. Marianne Taillefer, AmiEs de la Terre de Québec
  58. Dominic Vézina, Lab22 – Laboratoire d’innovations sociales et environnementales
  59. Elsa Beaulieu Bastien, Carrefour de participation, ressourcement et formation (CPRF)
  60. Pascal Huynh, Le Villageois – Création de cohabitats
  61. Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
  62. Doris Provencher, Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)
  63. Marie-Chantal Vincent, ECOsystemIE
  64. Michel Jetté, Déclaration d’Urgence Climatique (DUC)
  65. Jacques Benoit, GroupMobilisation (GMob)
  66. Martin Poirier, NON à une marée noire dans la Saint-Laurent
  67. Patricia Posadas, Prospérité Sans Pétrole
  68. Maxime Baril, QUiNTUS Création
  69. René Audet, Chaire de recherche UQAM sur la transition écologique
  70. Polémos, groupe de recherche indépendant sur la décroissance au Québec
  71. Yves-Marie Abraham, HEC Montréal
  72. Louise Royer, pastorale sociale, Église catholique à Montréal
  73. Sara Maranda-Gauvin, Cultiver Montréal
  74. Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES)
  75. Lucie Sauvé, Directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’UQAM (Centr’ERE)
  76. Louis Marion, UDM Montréal
  77. Angela Carter, associate professor, Department of Political Science, University of Waterloo
  78. Marc Séguin, artiste.
  79. Caroline Voyer, Réseau des femmes en environnement
  80. Jane Barr, Transition NDG, Montréal

Analyse, chronique et lettre ouverte Changements climatiques Lettres

Communiqué – Pour diffusion immédiate

Ottawa, le 24 mars 2020 – Un regroupement d’organisations de protection de l’environnement,  du milieu de la santé, de groupes confessionnels et de justice sociale, de groupes citoyens et de syndicats représentant au total plus d’un million de personnes, ont envoyé une lettre au Premier Ministre Trudeau et à son cabinet les exhortant à ce que leur plan de relance économique ne donne pas plus d’argent aux compagnies pétrolières et gazières, mais le donne plutôt aux travailleur.ses. 

« Le secteur pétro-gazier compte profiter de l’attention détournée des Canadiens qui sont trop occupés à gérer la crise de santé publique actuelle pour se rendre compte que le pays considère un transfert massif de fonds publics qui va soutenir la même industrie qui se cache derrière la prochaine crise sanitaire. Nous sommes à un point de bascule crucial et les changements climatiques doivent être intégrés dans tous les processus de décision. Les politiques que nous mettons en vigueur aujourd’hui doivent bénéficier à tous les Canadien.nes et mettre la table pour que nous puissions avoir confiance dans la phase post-coronavirus. » explique la Dr. Courtney Howard, Présidente du Conseil d’administration de la Canadian Association of Physicians for the Environment (CAPE).

La lettre stipule: 

Avec ce plan de relance, le gouvernement fédéral a la possibilité de soutenir immédiatement et directement les travailleurs et travailleuses de l’Alberta et de tout le pays, tout en investissant dans ce qui est nécessaire pour soutenir et faire croître une économie sobre en carbone et le type d’économie qui peut affronter les tempêtes.

Le gouvernement fédéral ne devrait pas renflouer les sociétés pétrolières et gazières à l’aide d’achats d’actions ou de garanties de prêts, ont déclaré des groupes.

« Les gouvernements doivent prioriser les Canadien.nes, et investir dans leurs poches et non pas dans celles des sociétés pétrolières. Il ne faut pas offrir un autre paquet de plusieurs milliards aux compagnies qui sont déjà largement subventionnées. Le gouvernement devrait se concentrer sur la santé et la résilience des travailleu.ses et de leurs familles dans l’immédiat et sur le long-terme ainsi que tous ceux qui sont impactés dans le pays et qui ont besoin de cet argent alors que nous vivons une réalité inédite » explique Julia Levin, responsable du programme Climat-Énergie chez Environmental Defence Canada.

Les groupes ont demandé au gouvernement d’inclure dans son plan de relance économique pour l’industrie pétrolière et gazière trois mesures critiques dont un fond indépendant pour les puits orphelins qui soit géré par des représentants autochtones, des autorités locales et des propriétaires fonciers. Ces dernier s’assureront que l’argent sera utilisé dans les situations où  les compagnies auront déjà épuisé leur finance et leurs biens à nettoyer leurs puits.

Les groupes ont également souligné que le gouvernement fédéral s’était engagé à adopter une Loi sur la Transition Juste et qu’il devrait par conséquent mettre en place un programme de relance avec des mesures pour accélérer cette transition et protéger les travailleurs et travailleuses alors que la production continuera à décliner au cours des prochaines années.

« Le meilleur moment pour soutenir financièrement, investir, former et instruire les travailleu.ses du secteur est maintenant. Le gouvernement a la chance d’offrir les emplois stables et d’aider les travailleur.ses à prendre le virage de la transition vers l’avenir » explique Steve Moran, le Coordonnateur national de Green Economy Network, qui représente nombreuses organisations incluant des syndicats.

« Tous les travailleurs, incluant ceux de l’industrie pétrolière méritent d’être soutenus par le gouvernement. Le krach des prix du pétrole est un signe avant-coureur de ce qui arrivera lorsque que le monde se libérera des combustibles fossiles en réponse à la crise climatique et tout soutien aux travailleurs doit tenir compte de cette réalité. Plutôt que de donner des milliards de plus aux pétrolières, le gouvernement devrait offrir de la formation et un revenu de soutien directement aux travailleurs, assurer une gestion indépendante du programme de nettoyage des puits de pétrole (orphelins) et investir dans un avenir énergétique propre et viable. », a déclaré Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada.

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Changements climatiques Communiqués

Au très honorable Justin Trudeau
Cc. Aux membres du cabinet fédéral

Le COVID-19 présente des risques réels et immédiats pour la santé et pour les moyens de subsistance des personnes. Il est approprié et nécessaire que le gouvernement fédéral fasse des interventions majeures pour assurer la santé et la sécurité, de la nourriture sur nos tables et un toît au-dessus de nos têtes. Ce qui est clair, en ces temps instables, c’est à quel point nous avons besoin de résilience économique. Toute intervention du gouvernement fédéral pour protéger la santé et les moyens de subsistance doit contribuer à bâtir une économie prête à affronter toute crise. Les travailleurs et travailleuses du secteur pétrolier et gazier ainsi que leurs familles, comme bien d’autres au Canada, ont un besoin urgent de soutien financier.

Le conflit entre l’Arabie saoudite et la Russie a suffi à paralyser l’industrie pétrolière et gazière du Canada avant que COVID-19 ne force le ralentissement de l’économie. Les prix du pétrole ont atteint des creux historiques et ils ne remonteront peut-être jamais assez afin d’atteindre des niveaux qui soutiennent la production canadienne. Donner des milliards de dollars à des sociétés pétrolières et gazières en faillite n’aidera pas les travailleurs et travailleuses et ne fera que prolonger notre dépendance aux énergies fossiles. Les sociétés pétrolières et gazières sont déjà fortement subventionnées par les gouvernements au Canada et le public ne peut pas continuer à les soutenir éternellement avec des allégements fiscaux et un soutien direct. De telles mesures profitent beaucoup plus aux bilans financiers des entreprises qu’elles n’aident les travailleurs et travailleuses et les communautés confrontés à des crises de santé publique et économique.

Plusieurs décennies d’impacts du colonialisme, dont la négligence du gouvernement dans les soins de santé aux communautés Autochtones, ont conduit à un manque général de préparation à une pandémie. Les deux principales mesures de santé publique recommandées pour prévenir la propagation du COVID-19 sont le lavage des mains et la distanciation sociale. Aucun des deux ne peut être réalisé efficacement dans la majorité des communautés Autochtones avec de l’eau non potable et des logements surpeuplés de qualité inférieure, ce qui aggrave l’impact du fardeau de la maladie au niveau communautaire. Il y a des données claires indiquant que les peuples Autochtones font face à un risque accru de conséquences graves et de disparités de l’état de santé durant les épidémies, ce qui  exige une répartition équitable des ressources humaines et matérielles.

Avec ce plan de relance, le gouvernement fédéral a la possibilité de soutenir immédiatement et directement les travailleurs et travailleuses de l’Alberta et de tout le pays, tout en investissant dans ce qui est nécessaire pour soutenir et faire croître une économie sobre en carbone et le type d’économie qui peut affronter les tempêtes.

Nous, un regroupement de syndicats et d’organisations du milieu santé, de protection de l’environnement, de religion et de justice sociale, représentant plus d’1.3 million de personnes à travers le Canada, demandons au gouvernement fédéral d’inclure, dans son plan de relance économique pour l’industrie pétrolière et gazière, ces trois mesures critiques :

  • Tout travailleur ou travailleuse qui a besoin d’un soutien à son revenu afin de préserver sa santé personnelle et la santé publique doit pouvoir y accéder immédiatement. Ce soutien comprend un accès bonifié à l’assurance-emploi et des congés payés d’urgence au besoin pour tous les travailleurs et travailleuses, quel que soit leur statut d’immigration, ainsi que la sécurité de leur revenu. Cela s’applique aux travailleurs et travailleuses migrant.e.s et sans-papiers.
  • Au lieu d’offrir des achats d’actions ou des garanties de prêt aux sociétés pétrolières et gazières, les fonds de renflouement devraient être alloués pour offrir un soulagement immédiat directement aux travailleurs et travailleuses et leur offrir des possibilités de formation, d’éducation et d’emploi dans les secteurs émergents à faible émission de carbone comme l’efficacité énergétique, la technologie, les soins de santé et les énergies renouvelables. Un programme comme celui du renflouement des constructeurs automobiles en 2008 exposerait malheureusement le public au même risque, soit celui d’avoir dépensé des milliards de dollars avec peu de résultats en dix ans.
  • L’argent pour le nettoyage des puits orphelins devrait être administré par un fonds indépendant avec une représentation des communautés Autochtones, des gouvernements locaux et des propriétaires fonciers qui peuvent s’assurer qu’il est utilisé pour récupérer des puits lorsque l’entreprise est en faillite et que ses actifs restants ont déjà été dépensés à cette fin. Cet argent devrait également être lié à des changements réglementaires en Alberta pour s’assurer que la province mette en place un programme de pollueur-payeur afin que le public ne se retrouve pas avec ces responsabilités à l’avenir.

Le gouvernement fédéral, qui s’est engagé à une Loi sur la Transition Juste, devrait mettre en place un programme de relance avec des mesures pour accélérer une transition juste et protéger les travailleurs et travailleuses alors que la production continuera à décliner au cours des prochaines années.

Signataires:

Canadian Association of Physicians for the Environment (CAPE), Climate Action Network Canada, Nature Québec LeadNow, Équiterre, Wilderness Committee, Environmental Defence, Council of Canadians, Greenpeace Canada, 350 Canada, Stand.Earth, ENvironnement JEUnesse, North99, SumofUs, Climate Strike Canada,The WaterWealth Project, Shift, Burnaby BROKE,  R.A.V.E.N. Trust, Sierra Club BC, Georgia Strait Alliance, Leap Montreal, Friends of the Earth – Canada, Canadian Engaged Buddhism Association, West Kootenay EcoSociety, Trinity St Paul’s United Church, PIPE UP Network, CREW, Glasswaters Foundation, Mississauga Climate Action, Ecologos, Canadian Unitarians for Social Justice, Earth Day Canada / Jour de la Terre, Centre de ressources sur la non-violence, Gazoduq, parlons-en! Green Wave West, ClimateFast, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Le Pacte pour la transition, Green 13, MediCorner, Équipe de la Déclaration d’urgence climatique – DUC, Extinction Rebellion Québec, Manitoba Energy Justice Coalition, Extinction Rebellion Ville de Québec, Les Pollués de Montréal-Trudeau, Parkdale High Park for Climate Action, Mouvement écocitoyen UNEplanète, Eau Secours, Oil Change International, Transition Capitale-Nationale, Fridays for Future Guelph, Climate Justice Montreal // Justice climatique Montreal, L’Assomption en transition, Climate Justice Edmonton, MistEarth, Divest UVic, Noor Cultural Centre, Sustainabiliteens Vancouver, La Planète s’invite au Parlement, Fridays For Future Whitby, Sustainable Durham, Coalition Fjord, Climate Justice Saskatoon, Climate Justice Ottawa, Creating Healthy and Sustainable Environments, Coalition Anti-Pipeline Rouyn-Noranda, Sipekne’katik Grassroots Grandmothers Circle,  Solidarity with Alton Gas Resistance, Extinction Rebellion Vancouver, Toronto Environmental Alliance, Extinction Rebellion Nova Scotia, Sierra Club Canada Foundation, Ontario Clean Air Alliance, Fondation Rivières, People’s Climate Movement (Toronto and GTA), MiningWatch Canada, La planète s’invite en santé (LPSS), Coalition solidarité santé, Green Economy Network / Réseau pour une économie verte, TerraVie, Association pour la Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens (ATTAC), Canadian Interfaith Fast for the Climate, The Healthy Forest Coalition, Conseil central du Montréal métropolitain-CSN, KAIROS: Canadian Ecumenical Justice Initiatives, GMob, New/Mode, Coalition Étudiante pour un Virage Environnemental et Social (CEVES), Canadian Voice of Women for Peace, Concordia Students for Climate Justice, Creating Healthy and Sustainable Environments (CHASE), Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ), GASP – Grand(M)others Act to Save the Planet, Réseau québécois des groupes écologistes, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville, Divest McGill, Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM), Rising Tide North America, The Climate Reality Project Canada /Le Projet de la réalité climatique Canada, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ), Front d’action populaire en réaménagement urbain, Citizens for Public Justice, Alerte Pétrole Rive-Sud, Above Ground, Foire ÉCOSPHÈRE

Analyse, chronique et lettre ouverte Changements climatiques

Communiqué – Coalition solidarité santé

Québec, le 10 mars 2020 – La Coalition solidarité santé salue les investissements importants prévus en environnement et en santé et services sociaux dans le budget 2020-2021, mais juge ces investissements insuffisants pour faire face aux besoins en santé et services sociaux et à l’urgence de santé publique que représente la crise climatique.

« L’Organisation mondiale de la santé considère que les bouleversements climatiques sont la plus grande menace à la santé humaine au XIXe siècle », rappelle Anne Plourde, coordonnatrice de la Coalition. « La meilleure manière de prévenir les pires conséquences de la crise climatique sur la santé est évidemment d’appliquer un plan vigoureux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 45% d’ici 2030, comme le recommandent les experts du GIEC, mais le gouvernement a choisi de s’en tenir à son objectif insuffisant de 37,5% », souligne-t-elle.

Dans ce contexte, il est crucial de prévoir des investissements majeurs dans le réseau de la santé et des services sociaux afin de lui donner les moyens de répondre aux besoins croissants qui résulteront de la crise climatique. En effet, le réseau est appelé à jouer un rôle névralgique dans l’adaptation et la résilience des communautés face à ces conséquences. « La croissance des dépenses de 5,3% en santé et services sociaux prévue pour l’année 2020-2021 est un pas dans la bonne direction, mais elle est nettement insuffisante pour combler le manque à gagner qui résulte des années d’austérité. On voit donc difficilement comment cette augmentation pourrait permettre de faire face aux conséquences des changements climatiques sur la santé », affirme madame Plourde.

La Coalition solidarité santé déplore également que le gouvernement Legault n’ait pas profité des initiatives fédérales dans le dossier de l’assurance médicaments pour prévoir une réforme du régime québécois public-privé, qui pose de graves problèmes d’équité et qui contribue à l’explosion du coût des médicaments. « Le gouvernement se prive des économies considérables qui pourraient être réalisées par la mise en place d’un régime entièrement public et universel d’assurance médicaments », souligne la coordonnatrice de la Coalition.

À propos de la Coalition solidarité santé

Assurance médicaments Changements climatiques Communiqués

Soumis au ministre des Finances du Québec

Deux enjeux centraux guident les recommandations de la Coalition solidarité santé au ministre des Finances dans le cadre des consultations prébudgétaires du gouvernement du Québec : la lutte et l’adaptation aux changements climatiques – qui imposent notamment une redémocratisation du réseau de la santé et des services sociaux ainsi qu’un réinvestissement substantiel dans les soins et services – et l’instauration d’une assurance médicaments entièrement publique et universelle.

Santé et lutte aux changements climatiques

Au moment de la 21e Conférence des parties tenue à Paris en 2015 (COP21), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que « le changement climatique représente la plus grande menace pour la santé dans le monde au XXIe siècle. » L’OMS prévoit qu’entre 2030 et 2050, la crise climatique provoquera 250 000 décès supplémentaires par année. La science prédit des conséquences majeures sur la santé des populations, dont certaines se font déjà sentir, y compris au Québec (multiplication des sécheresses, des inondations, des feux de forêt, des canicules et des événements météorologiques extrêmes, insécurité alimentaire croissante, propagation facilitée de certaines maladies infectieuses, etc.).

Lors de la grande manifestation historique du 27 septembre dernier, des centaines de milliers de Québécoises et de Québécois sont descendus dans les rues pour revendiquer des engagements clairs et des actions vigoureuses de la part du gouvernement en matière de lutte aux changements climatiques.

Considérant que les bouleversements climatiques constituent la plus grande urgence sanitaire à laquelle font actuellement face le Québec et l’humanité, nous recommandons :

Recommandation 1

Que le gouvernement du Québec élabore un plan de lutte contre les changements climatiques et prévoit dans son budget 2020-2021 des investissements conséquents permettant au minimum d’atteindre les cibles de réduction de gaz à effet de serre recommandées par le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC), à savoir 45 % dès 2030 par rapport aux émissions de 1990; que ce plan soit élaboré dans une perspective de justice sociale, évitant de faire porter le fardeau économique de la transition aux plus démuni.e.s et prévoyant des mesures de soutien et de reconversion pour les travailleuses et les travailleurs dont les secteurs d’emploi seront affectés par la transition.

Par ailleurs, les gouvernements ayant trop tardé à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour prévenir les conséquences des bouleversements climatiques, certains impacts sociosanitaires de cette crise sont désormais inévitables. Dans ce contexte, le réseau de la santé et des services sociaux est appelé à jouer un rôle névralgique dans l’adaptation et la résilience des communautés face à ces conséquences. Le gouvernement du Québec doit donc prévoir dès maintenant des mesures vigoureuses pour donner au réseau la capacité de répondre aux besoins sociosanitaires croissants qui seront (et qui sont déjà en partie) causés par la crise climatique. Deux recommandations principales découlent de ces considérations.

Premièrement, afin que le réseau soit davantage perméable à ces besoins et qu’il soit en mesure de s’y adapter efficacement et rapidement, notamment grâce à la mobilisation citoyenne, nous recommandons :

Recommandation 2

Que le gouvernement du Québec mette en place des mesures afin de : 1) (re)démocratiser les établissements de santé et de services sociaux à l’échelle de toute la province en impliquant les communautés, les usagères et les usagers et le personnel des différentes installations des établissements (CISSS et CIUSSS) dans la gestion des soins et des services; 2) rapprocher les lieux de décision des lieux d’action et de prestation des services et des soins en décentralisant le pouvoir au sein du réseau, notamment en recréant des conseils d’administration locaux.

Deuxièmement, afin que les réseaux public et communautaire en santé et services sociaux possèdent les ressources humaines et financières nécessaires pour répondre aux besoins sociosanitaires qui découleront des bouleversements climatiques, nous recommandons :

Recommandation 3

Que le gouvernement du Québec prévoit dans son budget 2020-2021 un réinvestissement substantiel dans les services publics de santé et des services sociaux ainsi qu’un rehaussement du financement de la mission globale des organisme communautaires autonomes ; que ce réinvestissement permette en particulier un renforcement des soins et services multidisciplinaires de première ligne et une amélioration des conditions de travail des travailleuses et des travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux, seule avenue susceptible de contrer la pénurie de personnel dans ce domaine.

Dans cette optique, la Coalition solidarité santé souhaite d’ailleurs exprimer son appui de principe aux revendications des travailleuses et des travailleurs du réseau qui sont présentement en négociation pour le renouvellement de leurs conventions collectives.

Assurance médicaments : ne rien faire n’est pas une option pour le Québec !

Depuis plusieurs années, des acteurs et des experts de plus en plus nombreux se sont positionnés en faveur d’un régime public et universel d’assurance médicaments. De plus, il existe un fort consensus social et scientifique québécois pour l’instauration d’une assurance médicaments 100% publique. Malgré cela, le gouvernement du Québec répète qu’il refusera de participer à un éventuel régime national d’assurance médicaments public et universel, sous prétexte que le Québec a déjà son propre régime.

Or, le Québec ne peut se permettre de faire bande à part dans ce dossier. Notre modèle québécois d’assurance médicaments (privé-public) pose de graves problèmes, tant sur le plan social que sur le plan financier. Dans ce contexte, ne rien faire n’est pas une option! Ne rien faire, c’est accepter :

  • que près d’une Québécoise et un Québécois sur dix n’ait pas les moyens de se procurer ses médicaments d’ordonnance;
  • qu’au Québec, des personnes doivent choisir entre manger ou acheter leurs médicaments;
  • que le Québec paie les prix les plus élevés du monde pour ses médicaments, tout juste derrière les États-Unis et la Suisse;
  • que le Québec continue de dépenser plus que les autres provinces pour ses médicaments (1 144 $ par habitant au Québec contre 1 043 $ pour le reste du Canada et 713 $ pour la médiane des pays de l’OCDE);
  • que le prix des médicaments continue d’augmenter de façon incontrôlable (dépenses de 2,6 milliards en 1985 à 33,7 milliards en 2018 au Canada), plombant les finances publiques et les régimes d’assurances collectives (la population du Québec paie près de 9 milliards annuellement pour ses médicaments prescrits, et la croissance des coûts est insoutenable);
  • que dans les milieux de travail, le coût des assurances collectives privées  qui ne cesse d’augmenter (6 à 12 % de la masse salariale au Québec) soit devenu un frein important à l’amélioration des conditions de travail;
  • que les Québécoises et les Québécois continuent de recevoir des factures différentes pour une même ordonnance selon qu’ils soient assurés au public ou au privé, ce qui pose des problèmes d’équité évidents.

Afin de mettre fin aux problèmes graves d’équité et d’accès aux médicaments générés par le modèle québécois public-privé d’assurance médicaments ainsi que pour permettre un meilleur contrôle des coûts, nous recommandons :

Recommandation 4

Que le gouvernement du Québec s’engage dès maintenant dans une réforme du régime hybride d’assurance médicaments afin de mettre en place un régime entièrement public et universel et qu’il se positionne en appui aux initiatives en ce sens.

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