Étiquette : <span>FINANCEMENT EN SANTÉ</span>

Le 3 novembre 2022, la vice-première ministre et ministre des Finances, l’honorable Chrystia Freeland, a rendu public le document Bâtir une économie qui fonctionne pour tousCe document « présente le plan du gouvernement pour continuer d’alléger le coût de la vie pour les Canadiens et bâtir un pays où personne n’est laissé pour compte. » 

Dans une lettre adressée au Premier ministre du Canada, aux ministres concernés, au chef du Nouveau Parti démocratique et aux porte-paroles concernés, la Coalition solidarité santé demande au gouvernement de ne pas renoncer, même partiellement, à la mise en place rapide d’une assurance médicaments publique universelle.

Vous trouverez les lettres ci-bas.

Assurance médicaments

Cette infolettre est la dernière avant le mois de septembre.

Infolettre

À l’approche du déclenchement de la campagne électorale, nous avons sollicité les différents partis pour connaître leurs engagements concernant la santé et les services sociaux. Beaucoup de questions mériteraient d’être abordées, mais nous en avons choisi cinq, regroupées en grande catégories, qui représentent les priorités énoncées par nos membres.

  1. La sous-traitance/privatisation des services publics sociaux et de santé

Depuis les 20 dernières années, le recours au secteur privé prend de plus en plus de place, au détriment du système public, cannibalisant ses ressources humaines (désengagement de médecins de la RAMQ, professionnel·le·s préférant travailler au privé plutôt qu’au public, etc.) Cela annihile les efforts mis de l’avant afin de réduire les temps d’attente pour des services ou des soins et augmente la pression sur le personnel soignant restant pour dispenser des soins et des services sécuritaires et de qualité. Les services privés étant plus dispendieux, pourquoi continuer d’augmenter leur part dans le réseau? La pandémie et les rapports qui ont suivi cette dernière ont mis en lumière le manque de financement du réseau public. Plus que jamais, il s’avère essentiel d’avoir un système de santé et un volet santé publique très forts pour assurer une gestion adéquate des risques pour la santé, mais également pour prévenir, dans la mesure du possible, toute nouvelle situation catastrophique.

Les problèmes du système public ne se résolvent pas en octroyant plus de place au privé : nos membres croient à l’importance de la consolidation du réseau public.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à réduire/éliminer l’utilisation de la sous-traitance et du privé pour résoudre les problèmes du système public de santé et services sociaux?

  1. La réhumanisation du système public de santé et services sociaux

Nos membres ont été nombreux à soulever l’importance de réhumaniser le système de santé et services sociaux. Un réseau plus humain sans discrimination, avec des conditions de travail améliorées, l’élimination des heures supplémentaires obligatoires, mais aussi une vision globale de la santé et la fin de la culture gestionnaire axée sur les chiffres. Nous demandons également un réseau accessible et sécuritaire pour tous. À cet effet, une redémocratisation du réseau est importante : ses travailleur·euse·s et usager·ère·s souhaitent être considéré·e·s et impliqué·e·s dans les processus décisionnels et les nouveautés prévues dans le « Plan santé ». Nos membres plaident pour le retour à un système public décentralisé, transparent et tourné vers les besoins des personnes et des communautés.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à redémocratiser et à réhumaniser le système public de santé et services sociaux?

  1. Prendre soin des personnes vulnérables

Lors de la pandémie, les groupes des personnes les plus vulnérables (personnes âgées, personnes en situation de handicap, proches aidants, etc.) ont été énormément affectés. La Coalition Solidarité Santé demande une offre de soins publics adaptée à ces groupes.

Nous avons l’obligation morale de corriger le plus rapidement possible les lacunes systémiques et organisationnelles qui ont affaibli considérablement la capacité du réseau de la santé et des services sociaux à assurer ses missions essentielles, à protéger la vie et la santé des personnes vulnérables. Les défis concernant les personnes âgées sont majeurs : selon les données provisoires de l’année 2021-2022 fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux, 45 637 personnes attendent de recevoir des soins à domicile, dont 15 042 pour un premier service. Il s’agit d’une augmentation d’environ 10 % par rapport à l’année précédente. Le temps d’attente pour avoir accès aux soins a par ailleurs augmenté considérablement : le nombre de personnes qui attendent depuis plus de 90 jours pour obtenir des soins à domicile a augmenté de 20 % en une année seulement. Les gens âgés de 75 ans et plus doublera d’ici 20 ans au Québec.

Les membres demandent des soins et des services sociaux en quantité et en qualité, pour tous les groupes de personnes vulnérables.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à répondre plus adéquatement aux besoins des personnes vulnérables?

  1. Reconnaissance des organismes communautaires

Le réseau communautaire a pallié les manques du réseau de la santé et des services sociaux durant la pandémie. De ce fait, les organismes communautaires (OC) réclament un meilleur financement de l’action communautaire autonome compte tenu de leur rôle d’acteurs-clés au sein de la population. Il est également demandé que leur expertise soit mieux reconnue et de pouvoir participer aux discussions visant à structurer la bonification de l’offre de soutien aux personnes proches aidantes et aux soins à domicile, entre autres.

Les OC souhaitent que leur autonomie soit respectée : ils ne sont pas de simples sous-traitants, dispensateurs de services. Ainsi, le financement à la mission globale doit être préconisé pour leur permettre d’agir en cohérence avec leur vision sociale de la santé.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à reconnaître l’importance, l’expertise et l’autonomie des organismes communautaires?

  1. Contrôler au plus vite la hausse du coût des médicaments / collaborer à la mise en place d’une assurance médicaments publique universelle

En 2020, 5,4 % de la population québécoise, soit près de 465 000 personnes, s’est privée de médicaments. Au plus fort de la pandémie de COVID-19, cette proportion était trois fois plus élevée, elle aurait monté à 16 %.

Au Québec, les dépenses en médicaments par habitant sont parmi les plus élevées au monde. Le Québec dépense 11 % de plus pour les médicaments prescrits par habitant (1 069 $) que la moyenne canadienne (959 $) (2021). Et le Canada dépensait, en 2016, 59 % de plus (1 043 $) que les pays de l’OCDE (719 $) (2016).

En 2018, les dépenses totales en médicaments prescrits du Québec s’élevaient à 8,36 MILLIARDS de dollars (ICIS, série G, 2020).

Les médicaments font partie des soins et devraient être intégrés à notre système public de santé. La mise en place d’un régime public et universel d’assurance médicaments permettrait à la fois de s’attaquer au contrôle des coûts, d’améliorer l’accès aux médicaments essentiels et d’optimiser la gestion publique de ce poste de dépenses qui semble hors de contrôle.

En mai 2022, la coalition a mis sur pied une nouvelle campagne pour une assurance médicaments publique universelle. La campagne comporte un volet d’appel à l’action, par l’envoi d’une lettre aux député·e·s. À ce jour, nous avons reçu plus de quarante lettres, soit la preuve que cet enjeu suscite un engagement.

De quelle façon votre parti s’engage-t-il à collaborer à l’instauration d’une assurance médicaments publique et universelle?

Ces questions ont été envoyées aux chef-fe-s de parti le 9 juin 2022.

Démocratie

Infolettre

La Coalition solidarité santé a écrit une lettre ouverte pour énoncer son opposition à la taxe santé. Une partie de notre argumentaire a été reprise dans cet article du Devoir (voir encadré) François Legault recule sur la «contribution santé» | Le Devoir.

Le 1er février 2022  

NON À TOUTE CONTRIBUTION SANTÉ!

Une brèche dangereuse pour notre système public de santé

La Coalition Solidarité Santé prend note de la décision du gouvernement de ne pas imposer une contribution santé pour les personnes non vaccinées et espère qu’il s’agit d’une réelle prise de conscience gouvernementale et non d’un repli stratégique préélectoral !

Depuis sa constitution en 1991, la Coalition défend le droit à la santé pour toutes et pour tous et milite pour la gratuité, l’universalité et l’accessibilité de notre système public de santé [1]. La Coalition adhère en fait aux principes de la Loi canadienne sur la santé qui interdit, notamment, la surfacturation et l’imposition de frais modérateurs. Parce que la contribution santé liée au statut vaccinal aurait été une forme de frais modérateur portant atteinte aux droits fondamentaux, nous nous y opposions.

Bien sûr, la Coalition Solidarité Santé estime que la vaccination est un outil essentiel dans un contexte pandémique. Toutefois, l’idée d’imposer une contribution financière aux adultes non-vaccinés afin d’augmenter la couverture vaccinale aurait été selon nous contraire aux principes de gestion des risques en santé publique[2] et l’efficacité d’une telle mesure n’avait clairement pas été démontrée.

Des études suggèrent notamment qu’il n’existe pas de relation linéaire simple entre la coercition associée à une politique et son impact sur le taux de vaccination. De plus, le fait de l’obliger pourrait même s’avérer contre-productif en favorisant un climat de méfiance propice à la polarisation du discours sur la vaccination, encourageant ainsi l’hésitation vaccinale[3].

Plutôt que d’envisager à l’avenir de telles approches coercitives, nous invitons le gouvernement à poursuivre sans relâche son travail d’information et de sensibilisation de l’opinion publique. La confiance dans les politiques publiques de santé et l’adhésion collective à celles-ci demeurent essentielles pour lutter efficacement contre la COVID-19, et le seront également pour toutes les autres crises de santé publique que nous connaitrons.

Un dangereux précédent

Imposer une contribution fiscale à certaines utilisatrices et utilisateurs du système aurait constitué un précédent dangereux qui aurait compromis l’universalité de notre système public de santé déjà ébranlée par la privatisation. Le système de santé doit être accessible à toutes et à tous et ce, sans discrimination aucune. Une telle contribution aurait accentué le clivage social et pénalisé de nombreuses personnes déjà marginalisées et vulnérables. En somme, nous refusons que le gouvernement prenne de telles mesures qui sont une pente glissante vers une marchandisation et une financiarisation des services de santé, un tel précédent est dangereux.

Imposer le fardeau des problèmes du système aux non-vaccinés aurait été une stratégie malsaine et non souhaitable qui n’aurait pas amené plus de lits ni de personnel. Nous sommes d’avis que le Premier Ministre doit prioritairement se concentrer à remettre le système public de santé sur ses rails. Nous exhortons le gouvernement Legault à réinvestir massivement en santé publique, et, tel que le recommandent tous les experts internationaux, à maintenir les efforts de consolidation de notre réseau public de la santé et des services sociaux.

Le recul du gouvernement quant à cette mesure révèle aussi l’écueil des bluffs à répétition qui ne font que faire fondre la confiance de la population. La gestion par ballon d’essai a définitivement atteint ses limites.

Le gouvernement doit travailler à consolider notre tissu social, non à le déchirer!


[1] Son manifeste  https://cssante.com/manifeste/

[2] INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC (2003). La gestion des risques en santé publique – Cadre de référence québécois, [En ligne], INSPQ (août). [inspq.qc.ca/es/node/1111]. 

[3] COMITÉ D’ÉTHIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE (2021). Avis sur la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé contre la COVID-19, [En ligne], Institut national de santé publique, p. 3. [inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/3091-avis-vaccination-obligatoire-travailleurs-sante-covid19.pdf]. 

Analyse, chronique et lettre ouverte