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Lettre ouverte

À: Le très honorable Justin Trudeau, Premier ministre du Canada
L’honorable Patty Hajdu, Ministre de la Santé
L’honorable Marco Mendicino, Ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté

CC : Premiers ministres et ministres de la santé de chaque province, ministre de la sécurité publique

La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence des lacunes présentes depuis longtemps dans le système de santé canadien et qui continuent à avoir un impact négatif disproportionné sur les communautés vulnérables. Malgré le caractère prétendument universel du système de santé canadien, les travailleurs migrants, les personnes sans statut, les demandeurs d’asile déboutés et d’autres personnes sont privés d’assurance-santé et confrontés à la crainte d’être expulsés et à une dette insurmontable s’ils ont recours au système de santé. L’accès aux soins de santé est un droit humain, mais ce n’est pas garanti pour des centaines de milliers de personnes au Canada. La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence le fait que le bien-être de notre communauté est fortement interconnecté et que nous mettons en danger notre société toute entière en ne garantissant pas les soins de santé pour tous. En tant que membres des communautés d’intervenants en santé et de migrants, nous demandons au gouvernement fédéral du Canada de travailler en étroite collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les établissements de santé et les responsables de la santé publique afin de garantir et de soutenir l’accès aux soins de santé pour toutes les personnes vivant au Canada, y compris celles qui sont en détention, quel que soit leur statut d’immigration et de citoyenneté.

En réponse à la pandémie, certaines provinces ont commencé à reconnaître les problèmes liés au manque d’accès aux soins de santé pour les communautés non assurées en élargissant temporairement certains types de couverture, généralement en faisant une distinction artificielle entre les services liés à COVID-19 et les autres services (voir l’annexe A). Ce n’est pas suffisant. La présentation clinique de la COVID-19 est très variable, de sorte qu’il est difficile pour les professionnels de la santé de savoir ce qui constitue un service lié à COVID-19. Cette fausse distinction est préjudiciable car elle peut mener à l’absence de dépistage et de traitement et à une augmentation de la transmission communautaire. La couverture complète et intégrale de tous les services allégera également la charge administrative assumée par les intervenants en santé de première ligne qui s’efforcent de contrôler cette pandémie, au lieu de leur faire perdre du temps avec des contrôles bureaucratiques. Pour “aplatir la courbe” de manière efficace, la politique doit garantir l’accès universel à tous les services de santé essentiels.

La réponse nationale à ce problème a également été fragmentée. Seulement quelques provinces ont commencé à fournir des soins à certaines personnes non assurées, et la mise en oeuvre des politiques est incomplète dans les établissements de soins de santé. Les patients continuent d’être obligés de suivre des voies compliquées pour accéder aux soins, et beaucoup continuent de se voir refuser l’accès aux services de santé essentiels, autant ceux liés à la COVID-19 que les autres. Au Canada, les personnes sans assurance-santé ont besoin que l’accès universel aux soins de santé soit véritablement mis en oeuvre, tant au niveau des politiques que de l’expérience du patient. L’incohérence ne sert qu’à créer plus d’inéquités et de confusion dans un système déjà fragmenté.

Il faut prendre des moyens pour remédier à la crainte de détention et de déportation que vivent en tout temps les personnes sans statut qui cherchent à obtenir des services de santé essentiels, mais particulièrement pendant cette pandémie. Bien que les déportations aient été temporairement suspendues, à quelques exceptions près, les personnes sans statut continuent de craindre que le recours au système de soins de santé puisse entraîner la détention et la déportation par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) à l’avenir. En raison de cette crainte, de nombreuses personnes non assurées évitent ou tardent à chercher des soins. Il est important que les établissements de santé affirment dans leur politique de confidentialité des patients qu’ils ne partageront pas d’information avec l’ASFC, et que l’ASFC affirme que le fait d’utiliser les services de santé n’entraînera pas la détention ou la déportation.

Enfin, ces changements ont été annoncés comme des mesures temporaires pour la crise de la COVID-19. Cela va directement à l’encontre de ce que les professionnels de la santé, les organismes internationaux de défense des droits de la personne et les organisations communautaires ont déclaré à maintes reprises: refuser des soins de santé sur la base du statut d’immigration est une violation des droits de la personne et une menace pour la santé publique. Garantir l’accès aux soins de santé pour les migrants contribuera à améliorer la santé et la sécurité de toutes les communautés au Canada; cela permet de réduire le coût des soins de santé et d’améliorer l’état de santé de la population. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies a condamné le Canada l’an dernier pour avoir refusé l’accès à des soins de santé essentiels sur la base du statut d’immigration, dans le cas de Nell Toussaint. Nous devons adopter une vision à long terme: l’accès équitable aux soins de santé est toujours essentiel, et pas seulement lors de crises comme celle de la COVID-19.

Nous exigeons que le gouvernement fédéral canadien travaille en étroite collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les institutions de santé et les responsables de la santé publique afin de garantir immédiatement une couverture médicale complète à tous. Cela suppose la réalisation des conditions suivantes:

  1. La couverture des soins de santé est complète, couvrant tous les services médicalement nécessaires, sans faire de distinction artificielle et dangereuse entre les services liés à la COVID-19 et les autres services;
  2. Tous les établissements de soins de santé sont informés des détails de la politique et de la manière dont elle sera mise en oeuvre, y compris les changements de couverture, l’application des codes de facturation et les politiques de confidentialité qui empêchent le partage des informations personnelles ou la collaboration avec l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Ce message doit parvenir à tous les employés qui interagissent avec les patients, en plus des professionnels de santé;
  3. Une campagne d’information publique explicite informant toutes les personnes non assurées et le grand public que tous les services de santé sont disponibles gratuitement, quel que soit le statut d’immigration;
  4. L’ASFC garantit que l’accès aux soins de santé n’entraînera pas la détention ou la déportation;
  5. La couverture des soins de santé est permanente et se poursuit au-delà de la pandémie de la COVID-19, en tant que mesure de droits de la personne et de santé publique.

Cette lettre a été signée par plus de 200 organisations. Pour voir la liste des signataires, cliquez sur la version PDF du document ci-dessous.

Analyse, chronique et lettre ouverte Lettres

Lettre ouverte de la Coalition solidarité santé

Depuis sa création en 1991, la Coalition solidarité santé a défendu sans relâche le système public de santé et de services sociaux du Québec et le droit à la santé pour toutes et tous. Nous tenons aujourd’hui à souligner le travail exceptionnel accompli dans des conditions extrêmement difficiles par les travailleuses et les travailleurs du réseau. Nous souhaitons également rappeler toute l’importance d’avoir un système socio-sanitaire public et universel. Alors que le monde entier est frappé de plein fouet par la pandémie de COVID-19, les Québécoises et les Québécois peuvent compter, grâce aux luttes de celles et ceux qui nous ont précédé.e.s, sur des services de santé et des services sociaux gratuits, accessibles indépendamment de leur capacité de payer.

La catastrophe humaine et sanitaire à laquelle nous sommes confronté.e.s est porteuse de beaucoup de souffrance, d’anxiété et de stress. En plus des vies perdues et des deuils qui frappent plusieurs d’entre nous, de nombreuses personnes vivent une détérioration rapide de leur situation économique. En effet, les mesures de confinement, essentielles pour préserver la capacité du réseau à face à la crise et minimiser le nombre de décès, sont aussi génératrices de difficultés financières importantes, en particulier pour les personnes déjà précarisées.

Dans ce contexte, il aurait été désastreux que notre principal rempart face à la crise soit un système de santé privé dont les buts principaux sont la rentabilité et le profit. Il aurait été ignoble d’ajouter à la détresse causée par la pandémie en faisant porter aux individus le poids insoutenable des frais médicaux associés au diagnostic et au traitement de la COVID-19. Comme le montre l’exemple malheureux de notre voisin du sud, ces frais peuvent atteindre des dizaines de milliers de dollars pour une seule personne!

Le Québec doit donc se féliciter d’avoir fait le choix collectif de la solidarité et de s’être doté au début des années 1970 d’un système public et universel de santé et de services sociaux. Et les mouvements syndicaux, populaires, féministes et communautaires peuvent être fiers d’avoir contribué à le créer et de l’avoir fidèlement défendu contre tous les assauts qui, depuis sa création mais plus encore dans les deux dernières décennies, n’ont cessé de se multiplier.

Faire mieux pour l’avenir : vers une déprivatisation et une démocratisation des services de santé et des services sociaux

Si la crise actuelle nous rappelle plus que jamais l’importance d’avoir un système public de santé et de services sociaux fort, accessible, universel et gratuit, elle révèle aussi cruellement les lacunes béantes qui affaiblissent notre réseau : le sous-investissement chronique, les multiples réformes déstructurantes, les coupes drastiques dans la santé publique, la centralisation bureaucratique, l’élimination des lieux de pouvoir citoyen, la détérioration des conditions de travail, les méthodes de gestion autoritaires (nouvelle gestion publique, Lean), les pénuries de personnel, l’appauvrissement de la première ligne (notamment en services à domicile) et la privatisation grandissante des services ont contribué au désastre humanitaire qui se joue présentement sous nos yeux, en particulier au sein des résidences pour personnes âgées.

Ces lacunes ne sont pas des fatalités mais bien le résultat de choix politiques qu’il est possible de renverser. Il nous faut imaginer un nouvel horizon pour notre système de santé et de services sociaux. Pour y parvenir, il faut commencer dès maintenant à réfléchir aux mesures qu’il sera essentiel de mettre en œuvre au sortir de cette crise sanitaire sans précédent. Nous proposons les mesures suivantes comme contribution à la réflexion collective : 1) un réinvestissement massif immédiat; 2) une déprivatisation complète des services de santé et des services sociaux; 3) un recentrement du réseau sur les services de premières ligne et la prévention (ce qui passe notamment par une revalorisation des services sociaux); 4) une décentralisation et une démocratisation de la gestion des établissements qui permettra de les ancrer dans leur communauté et de redonner aux citoyen.ne.s, aux usagères.ers et aux travailleuses.eurs du réseau un pouvoir sur leurs services et leurs conditions de travail.

La Coalition solidarité santé lance donc aujourd’hui un appel à la (re)construction d’un système socio-sanitaire public à la hauteur des valeurs de solidarité et de justice sociale historiquement portées par les mouvements sociaux du Québec.

Analyse, chronique et lettre ouverte Démocratie Lettres Privatisation Lean Réforme Barrette

Lettre ouverte rédigée par le collectif Soignons la Justice Sociale

À l’attention de:

Marguerite Blais, Ministre responsable des Aînés et des Proches aidants
Lionel Carmant, Ministre Délégué à la santé et aux services sociaux
Danielle McCann, Ministre de la Santé et des Services sociaux
François Legault, Premier ministre du Québec
c.c.
Dr. Horacio Arruda, Sous-ministre adjoint, Directeur général de la santé publique
Dre. Mylène Drouin, Directrice régionale de la santé publique de Montréal

*Cette lettre s’accompagne d’un appel à l’action.

Le gouvernement du Québec a récemment pris la décision que le dépistage et les soins de santé en lien avec la COVID-19 seront désormais couverts par le Régime d’assurance-maladie du Québec (RAMQ) pour toutes les personnes qui résident au Québec, incluant celles non admissibles à une carte RAMQ. En tant que soignantEs et groupes défendant l’accès à des soins de santé dignes et de qualité pour toutes et tous, nous sommes indignéEs par l’exclusion des autres soins de santé (non directement liés à la COVID-19) de cette annonce.

Si cette décision est motivée par une approche de santé publique, elle est tout simplement vouée à l’échec. En effet, si l’objectif est d’éviter de nouvelles éclosions et d’aplatir la courbe de transmission, il est primordial de réduire au maximum les barrières susceptibles de décourager des personnes symptomatiques de consulter. Or, cette approche « à deux vitesses » risque de perpétuer le climat de peur qui empêche les personnes sans assurance médicale de consulter, par crainte de devoir débourser des sommes faramineuses ou d’être déportées. L’Organisation mondiale de la santé a été claire sur ce point fondamental : pour faire face à la pandémie, personne ne doit être exclu de l’accès aux soins.

De plus, cette politique est inapplicable et alourdit le travail des soignantEs en première ligne. Dans un contexte de transmission communautaire du virus, comment savoir si une personne qui se présente à l’urgence avec des symptômes respiratoires est atteinte d’une maladie « liée à la COVID-19 »? La priorité est de soigner et non de gaspiller temps et ressources précieuses en acrobaties bureaucratiques inutiles et discriminatoires.

Enfin, quel message le gouvernement envoie-t-il à la population avec cette politique ? Que les personnes migrantes au Québec ne sont dignes d’accéder aux soins de santé que lorsqu’elles souffrent de la COVID-19, c’est-à-dire présentent un potentiel enjeu de santé publique pour « Nous », les Québécois-es ? Ce discours perpétue la notion que les personnes migrantes sont un fardeau sur le système de santé, alors que celles-ci forment un pilier indispensable de notre société. Nombre de soignantEs – que le Premier ministre appelle « anges-gardiens » – qui sont en première ligne actuellement sont des migrantEs. Sans compter les personnes qui construisent nos maisons, gardent nos enfants, remplissent les tablettes dans les supermarchés et les pharmacies, cueillent nos fruits et légumes, travaillant souvent dans des conditions difficiles et dans la précarité.

Cette pandémie a braqué un éclairage brutal sur les failles de notre système de santé, résultats de décennies de désinvestissements massifs en matière de santé publique, de services sociaux et de soins de première ligne. Elle exacerbe aussi les inégalités sociales déjà existantes, rendant les plus vulnérables et marginaliséEs – dont les personnes sans statut – encore plus à risque de contracter la COVID-19 et d’en décéder.

Mais elle a aussi éveillé une admirable solidarité collective, comme en témoignent les initiatives d’entraide qui se multiplient autour de nous. Les dernières semaines nous ont démontré que notre système de santé n’est pas un monolithe bureaucratique immuable et qu’il est capable de changement.
Dans un contexte mondial où des millions de personnes migrantes sont déplacées par un système économique dont nous profitons, des catastrophes climatiques auxquelles nous contribuons grandement, de l’instabilité politique et sociale que nos gouvernements exacerbent, il est de notre responsabilité de répondre avec responsabilité et solidarité.

À l’heure où les appels à l’empathie et à la coopération se multiplient, nous demandons au gouvernement du Québec d’être à l’écoute. Pourquoi ne pas prendre l’exemple de l’Ontario, qui a annoncé le 25 mars dernier que tous les soins de santé, peu importe s’ils sont directement liés à la pandémie de la COVID-19, seraient désormais assurés pour ceux et celles qui ne remplissent pas les critères provinciaux pour détenir une carte d’assurance maladie? M. Legault, vous parlez du “devoir moral” de protéger les « plus vulnérables » : cela inclut tout le monde qui réside sur le territoire québécois.

Nous exigeons que le Gouvernement du Québec et le Ministère de la Santé s’engagent à couvrir l’ensemble des soins de santé pour toutes les personnes qui résident sur le territoire du Québec, indépendamment de leur statut migratoire, et ce immédiatement et de manière définitive.

Le collectif Soignons la Justice Sociale
http://www.soignonslajusticesociale.ca/

Signataires en date du 26 avril:

  • À Deux Mains
  • Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux (ACCESSS)
  • Association étudiante en sciences infirmières du Québec (AÉSIQ)
  • Association multiethnique pour l’intégration des personnes handicapées
  • Centre communautaire de femmes sud-asiatiques
  • Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
  • Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI)
  • Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA)
  • Coalition solidarité santé
  • Comité Guinéens unis pour le statut
  • Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
  • Créons des ponts
  • Ex aequo
  • Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
  • Fédération des maisons d’hébergement pour femmes
  • Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) – syndicat des professionnelles en soins de Montérégie Ouest
  • Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  • Jeunes médecins pour la santé publique (JMPSP)
  • Le Children’s sans frontières
  • McGill University Global Child Health Program
  • Médecins québécois pour le régime public (MQRP)
  • Montréal-Nord Républik
  • Mouvement PHAS (Personnes handicapées pour l’accès aux services)
  • Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC)
  • Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS)
  • Regroupement de personnes qui exercent la profession d’intervenantes sociales au Québec (RECIFS)
  • Regroupement des organismes ESPACE du Québec
  • Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ)
  • Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec
  • Solidarité sans frontières (SSF)
  • Stella, l’amie de Maimie
  • Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)
  • Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire de Montréal (TROVEP)

Analyse, chronique et lettre ouverte Lettres

Lettre ouverte

Frappés par la pandémie de COVID-19, des pans entiers de l’activité économique sont à l’arrêt soudain et presque total. Pertes de revenus, endettement, faillites d’entreprises appréhendées: l’effondrement rappelle les pires semaines du krach de 1929. Ainsi, le premier ministre François Legault annonçait récemment que son gouvernement réoriente ses priorités afin de préparer la relance de l’économie suivant la crise sanitaire. Au palier fédéral, où les dépenses liées à la pandémie se comptent en centaines de milliards de dollars, le gouvernement de Justin Trudeau devra se livrer au même exercice.

Mais de quelle relance parle-t-on? Là est la question.

La situation «normale» pré-pandémie était une crise climatique, sociale et écologique en développement, annonciatrice à court terme d’une crise économique et humanitaire sans précédent.

Les racines de cette situation sont bien connues: l’exploitation débridée des ressources de la planète et des populations moins nanties, la surconsommation effrénée.

Une relance qui viserait un simple retour à cette situation «normale» n’est pas envisageable car elle ne ferait qu’aggraver les crises déjà en cours. Aussi, nous joignons nos voix à toutes celles qui se lèvent pour réclamer que les efforts de relance s’inspirent des projets de transition dans leurs diverses incarnations, notamment la Feuille de route vers un Québec ZéN du Front commun pour la transition énergétique, les 101 idées pour le climat du Pacte pour la transition et les Chantiers de la Déclaration d’urgence climatique, afin de créer une richesse durable: notre résilience collective, qui ne peut fleurir que dans un environnement physique, économique et social sain.

Pour créer de la résilience, les fonds de la relance doivent servir à accélérer une transition juste vers une économie carboneutre, affranchie des énergies fossiles, soucieuse du vivant et réparatrice des dommages déjà infligés à la nature, solidaire, respectueuse des droits humains et du droit à l’autodétermination des peuples autochtones, capable de répondre aux besoins de base de la population sans dépendre des humeurs des marchés financiers mondialisés. Ils doivent soutenir les travailleurs et travailleuses qui en ont besoin dans tous les secteurs, mais non les activités qui accélèrent le réchauffement climatique et la perte de biodiversité comme l’extraction et le transport de pétrole et de gaz, l’aviation ou la construction d’autoroutes.

Dans cette optique, nous proposons que Québec et Ottawa ciblent les chantiers suivants comme tremplins pour amorcer les transformations profondes qui s’imposent tout en relançant l’activité économique et l’emploi après la pandémie:

  1. Mise en place de critères d’écoconditionnalité et de justice sociale pour toutes les mesures de relance
  2. Restauration des milieux naturels et protection de la biodiversité
  3. Transition juste pour les travailleurs, les travailleuses et les communautés touchés par la migration de l’économie vers les secteurs faibles en carbone
  4. Renforcement des services publics, notamment en petite enfance, en éducation et en santé, ainsi que des programmes sociaux et du secteur communautaire
  5. Priorisation des initiatives d’économie sociale, solidaire et de proximité
  6. Programmes d’efficacité énergétique et infrastructures de production électrique sans énergies fossiles et sans nucléaire partout au Canada
  7. Accélération du déploiement des infrastructures de transport actif, collectif et partagé
  8. Chantier de souveraineté alimentaire, d’écologisation de la production agricole et de régénération des sols
  9. Rénovation écoénergétique des bâtiments et conversion aux énergies renouvelables des systèmes de production de chaleur au mazout ou au gaz
  10. Relocalisation industrielle et diversification manufacturière conjuguées à la décarbonation de l’industrie et à la réduction à la source des déchets par l’écoconception, les processus circulaires et les procédés zéro émission
  11. Soutien au remplacement des produits, contenants et emballages à usage unique par des solutions axées sur le réutilisable et la consigne
  12. Soutien à la culture
  13. Infrastructures de tourisme local écologique
  14. Éducation à l’écocitoyenneté

L’urgence d’agir ne nous dispense pas de planifier le rebond après-pandémie avec clairvoyance. Ne ratons pas ce rendez-vous avec l’histoire: l’avenir des générations montantes et futures en dépend.

Signataires:

  1. Eric Pineault, professeur, Institut des sciences de l’environnement, UQAM
  2. Diego Creimer, Fondation David Suzuki
  3. Carole Dupuis, Mouvement écocitoyen UNEplanète
  4. Marjolaine Mercier Dt.P., APSAV.org
  5. Alexandre Warnet, Laval en transition
  6. Claude Vaillancourt, ATTAC-Québec
  7. Louise Morand et Mireille Asselin, architecte, L’Assomption en transition
  8. Jean-François Boisvert, Coalition climat Montréal
  9. Benoit St-Hilaire, Prospérité sans Pétrole, Rimouski
  10. Jonathan Théorêt, GRAME
  11. Maude Prud’homme, Réseau québécois des groupes écologistes
  12. Frédérique Hamel, Transition Capitale nationale
  13. Joseph EL-Khoury, Demain Sud-Ouest
  14. Laure Waridel, Le Pacte pour la transition
  15. André-Yanne Parent, Le Projet de la réalité climatique Canada
  16. Caroline Toupin, Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
  17. Emmanuel Cosgrove, Écohabitation
  18. Denise Laprise, Montmagny en transition
  19. Haroun Bouazzi, militant pour les droits de la Personne
  20. Éric Ferland, Foire ÉCOSPHÈRE
  21. Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ)
  22. Pascal Bergeron, Environnement Vert Plus
  23. Alice-Anne Simard, Nature Québec
  24. Catherine Gauthier, ENvironnement JEUnesse (ENJEU)
  25. Valérie Gilker Létourneau, L’R des centres de femmes du Québec
  26. Denis Bourque, professeur, Département de travail social, Université du Québec en Outaouais (UQO)
  27. Marie-Josée Renaud, Union paysanne
  28. Anne Dionne, deuxième vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  29. Christian Daigle, président général, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
  30. Patrick Provost et Thierry Lefèvre, co-coordonnateurs du regroupement Des Universitaires
  31. France Levert, Groupe Écosphère
  32. Anouk Nadeau-Farley, Coalition Fjord
  33. Michel Lambert, Alternatives
  34. Anne Rufiange, Extinction Rebellion Ville de Québec (XRVQ)
  35. Guy Boudreau, Comité vigilance hydrocarbures de Lavaltrie
  36. Sylvie Berthiaume, Solidarité environnement Sutton
  37. René Lachapelle, Groupe d’économie solidaire du Québec
  38. Normand Beaudet Centre de ressources sur la non-violence
  39. André Bélisle, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
  40. Catherine Lussier, Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
  41. Anne Plourde, Coalition solidarité santé
  42. Joyce Renaud, Mobilisation climat Trois-Rivières
  43. Patrick Bonin, Greenpeace Canada
  44. Monique Hains, Ciel et Terre
  45. Hélène Crevier, Alerte Pétrole Rive-Sud
  46. Réal Lalande, Action Climat Outaouais (ACO)
  47. Olivier RIffon, professeur en éco-conseil, Université du Québec à Chicoutimi
  48. Paul Cassavant, TerraVie
  49. Lena Zotova, La planète s’invite en santé
  50. Nicholas Ouellet, Gazoduq, parlons-en!
  51. Margie Mendell. Institut Karl Polanyi. Université Concordia
  52. Mélanie Busby, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville
  53. Lucie Massé, Action Environnement Basses-Laurentides
  54. Vania Wright-Larin, Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches
  55. Bertrand Fouss, Solon
  56. Elisabeth Gibeau, Union des consommateurs
  57. Marianne Taillefer, AmiEs de la Terre de Québec
  58. Dominic Vézina, Lab22 – Laboratoire d’innovations sociales et environnementales
  59. Elsa Beaulieu Bastien, Carrefour de participation, ressourcement et formation (CPRF)
  60. Pascal Huynh, Le Villageois – Création de cohabitats
  61. Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
  62. Doris Provencher, Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)
  63. Marie-Chantal Vincent, ECOsystemIE
  64. Michel Jetté, Déclaration d’Urgence Climatique (DUC)
  65. Jacques Benoit, GroupMobilisation (GMob)
  66. Martin Poirier, NON à une marée noire dans la Saint-Laurent
  67. Patricia Posadas, Prospérité Sans Pétrole
  68. Maxime Baril, QUiNTUS Création
  69. René Audet, Chaire de recherche UQAM sur la transition écologique
  70. Polémos, groupe de recherche indépendant sur la décroissance au Québec
  71. Yves-Marie Abraham, HEC Montréal
  72. Louise Royer, pastorale sociale, Église catholique à Montréal
  73. Sara Maranda-Gauvin, Cultiver Montréal
  74. Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES)
  75. Lucie Sauvé, Directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’UQAM (Centr’ERE)
  76. Louis Marion, UDM Montréal
  77. Angela Carter, associate professor, Department of Political Science, University of Waterloo
  78. Marc Séguin, artiste.
  79. Caroline Voyer, Réseau des femmes en environnement
  80. Jane Barr, Transition NDG, Montréal

Analyse, chronique et lettre ouverte Changements climatiques Lettres

Lettre ouverte

À l’Honorable Patty Hadju, ministre de la Santé, l’Honorable Navdeep Bains, ministre de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, l’Honorable Karina Gould, ministre du Développement international et Dr. Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada,

Nous vous écrivons au nom de Universities Allied for Essential Medicines et des personnes et organisations soussignées qui se consacrent collectivement à la promotion de la santé publique et à l’accès aux médicaments pour tous.

Nous comprenons qu’un investissement public important a été promis pour “contribuer davantage aux efforts mondiaux pour faire face à l’épidémie de COVID-19” par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Comité de coordination de la recherche du Canada (CCRC) par le biais du Fonds Nouvelles frontières de la recherche (FNR), le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et Génome Canada (GC). L’investissement sera “axé sur l’accélération de l’élaboration, de l’expérimentation et de la mise en œuvre de mesures visant à faire face à l’épidémie de COVID-19”, notamment la mise au point d’outils de diagnostic et de vaccins. Le gouvernement fédéral a annoncé mercredi 11 mars un financement supplémentaire de 275 millions de dollars pour la recherche.

Le 9 mars, l’Université de Saskatchewan a annoncé qu’un vaccin COVID-19 avait été produit et qu’il était maintenant testé sur des animaux. L’équipe de recherche a reçu 23 million de dollars sur de financement du gouvernement fédéral pour poursuivre la mise au point du vaccin.

Nous vous écrivons pour vous demander de veiller à ce que tous les diagnostics, vaccins et traitements contre la maladie coronarienne 2019 (COVID-19) qui sont mis au point avec l’argent public canadien soient à prix équitable, disponibles pour tous et gratuits au point de livraison. Nous demandons que l’octroi de licences ouvertes et non exclusives soit inclus comme condition préalable à l’obtention d’un financement, par exemple par le biais de conditions d’octroi de licences d’accès mondial , et que les accords de licence pour toute technologie développée avec des fonds publics incluent des exigences claires et applicables pour une tarification équitable et abordable. L’accès aux résultats finaux de la recherche financée par des fonds publics doit être l’objectif premier du transfert de technologie.

La disponibilité et la fourniture des vaccins, des diagnostics et des traitements mis au point doivent être fondées sur les besoins de santé publique et non sur des considérations commerciales ou politiques. Il faut donc empêcher la fragilisation et la monopolisation des chaînes d’approvisionnement et assurer une distribution transparente et équitable des fournitures disponibles.

L’honorable Patty Hadju, ministre de la santé, a déclaré que “la protection de la santé et du bien-être des Canadiens est notre priorité absolue” et que, pour que cela reste le cas, le gouvernement doit veiller à ce que les résultats de cette recherche financée par des fonds publics soient accessibles à tous. La protection de la santé et du bien-être des Canadiens contre une maladie hautement transmissible dans un monde hautement connecté nécessite une réponse ancrée dans la solidarité mondiale. À l’heure actuelle, plus de 400 000 cas ont été confirmés dans plus de 170 pays. Nous devons veiller à ce que tous les gens aient accès aux outils de diagnostic et aux vaccins mis au point au Canada. Si les monopoles des sociétés pharmaceutiques entravent l’accès et la disponibilité des vaccins dans le monde entier, la capacité du Canada à protéger ses propres résidents sera inefficace.

Nous attendons votre réponse avec impatience et espérons que vous continuerez à considérer la santé et le bien-être des Canadiens comme une priorité absolue en garantissant l’accès à tous les outils de diagnostic et vaccins financés par l’État en ce moment critique.

Signataires:

  • Universities Allied for Essential Medicines
  • Coalition canadienne de la santé
  • SeeChange Initiative
  • Canadian Doctors for Medicare
  • Rachel Kiddell-Monroe, professeure de pratique de l’ISID, Université McGill
  • Steve Morgan, PhD, professeur, École de santé publique et des populations, Université de Colombie-Britannique
  • T1International
  • Charles P. Larson, MC, CM, FRCP(C) Programme de santé mondiale de l’Université McGill, coordinateur national, Coalition canadienne pour la recherche en santé mondiale
  • Médecins Sans Frontières (MSF)
  • Campagne d’accès de MSF
  • Réseau juridique canadien VIH/sida
  • Union nationale des employés du secteur public et des services généraux
  • Résultats Canada
  • I-MAK
  • La Société canadienne du sida
  • Young Professionals Chronic Disease Network
  • Coalition solidarité santé
  • Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR nationale)
  • Canadian Council for International Co-operation
  • Union des consommateurs (Québec)
  • Conseil central du Montréal métropolitain-CSN
  • Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  • Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)
  • Action santé Outaouais
  • Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM)
  • The Ilisaqsivik Society
  • Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ)

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